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parvient la nouvelle de l’armistice. Rappelé au Mans, il y reste en attendant la conclusion de la paix, jusque dans les premiers jours de mars. Bien qu’il ait été un des corps les plus éprouvés au cours de la campagne, il fait partie des troupes allemandes maintenues en territoire français jusqu’au payement d’une partie de l’indemnité.

Jugement sur la Commune :

La France pourra nous faire le grave reproche d’être la cause de l’anarchie sans cesse grandissante. Nous aurions dû occuper régulièrement Paris, qui, après tout, était une ville conquise, faire pendre ou fusiller quelques douzaines de gens, écraser chaque maison sous le poids d’un grand nombre de soldats à loger, et, une fois la ville domptée, la remettre aux Français. Chez nous, la guerre était devenue fastidieuse à tout le monde : aussi on y brisa court en une bonne fois. Le haut commandement fit tout au plus vite pour se tirer d’affaire, et il laissa tout en mauvaise posture…[1]

Révolte de ce cœur de soldat devant l’attitude peu digne des généraux, des états-majors et des officiers qui, à peine la guerre terminée, n’ont rien de plus pressé que d’abandonner leurs troupes et de rentrer chez eux au plus vite :

Tous les états-majors se sont empressés de rentrer chez eux ; nous allons voir maintenant comment nous allons nous tirer d’affaire. Cette attitude, je ne trouve qu’un mot pour la qualifier : elle est indigne… Bien plus, on ne s’est pas préoccupé une seule fois en haut lieu de désigner les troupes destinées à rester et celles destinées à être rapatriées. Il semble que toute direction ait disparu. Tout le monde se fait consteller de décorations, mais personne ne s’inquiète des troupes, qui ont bien le droit pourtant de connaître le rôle qu’on leur réserve. Je finis par croire que l’on dressera des recrues pour faire une entrée à Berlin ; de cette manière, toutes les fêtes, données en raison des victoires de l’armée, pourront avoir lieu sans le concours de celle-ci… Voilà une frivolité sans pareille : mener à Berlin une joyeuse et plantureuse existence, et oublier que cette armée, réduite à un médiocre ordinaire, est une armée victorieuse ! La place des princes est au milieu de leurs troupes et non pas à Berlin, où ils ne peuvent se rendre compte de l’état de l’armée. Si aujourd’hui, pour son bon plaisir, Alvensleben voulait prendre un congé, on considérerait cela comme un oubli de son devoir. La situation des princes est la même, et l’on trouve très mal à l’armée qu’ils soient

  1. Lettre 215, Troyes, 29 mars.