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à Orléans. Ces marches et ces contremarches ne sont pas du goût de Kretschman qui critique assez amèrement les indécisions du haut commandement.

Depuis Metz, nous en avons vu de raides comme marches et combats et comme faim. Rien que depuis Metz, les combats suivants : Neuville, bataille de Beaune, combats de Boiscommun, Santeau, Chillieurs-aux-Bois, Loury, Vaumainbert et Saint-Loup — c’est déjà bien suffisant. Les trois journées des 2, 3 et 4 décembre, j’ai vécu de pain sec. Orléans nous refit un peu ; nous y avons séjourné un jour, — nous l’avons d’ailleurs rattrapé en faisant en une seule journée six lieues et demie pour gagner très vite cet ignoble les Bordes. Puis le combat de Gien, et maintenant, en route de nouveau pour Orléans. J’avais bien prévu que l’on nous ferait revenir en arrière, car cette promenade, la gauche en tête, était par trop insensée. Il est toujours pénible d’imposer de si inutiles allées et venues à nos braves troupiers[1] !

L’armée du Prince Frédéric-Charles va avoir à lutter contre la 2e armée de la Loire, aux ordres du général Chanzy. Le 12 décembre, le quartier général du IIIe corps s’établit à Meung : il devait y rester jusqu’aux premiers jours de janvier 1871.

Appréciation sur les troupes bavaroises :

Tu te ferais difficilement une idée des Bavarois. Par groupe de trois à six, ils encombrent les routes ; ils ont abandonné leurs régiments, en partie jeté leurs armes, et, affublés de toutes les couvertures possibles et impossibles, ils s’en retournent chez eux, pillant tout sur leur passage. Sur 30 000 hommes, il en reste encore 5 000 à Thann. Les officiers quittent l’armée sous prétexte de maladies.

Le Grand-duc a télégraphié : Les Bavarois sont un poids-mort inutile ; ils me font plus de mal qu’ils ne me rendent de services. Au cours d’un combat, le Grand-duc, s’adressant au Général Thann, s’est exprimé ainsi : Allez-vous-en avec toute votre racaille ! Cela fait une très fâcheuse impression. On ne reconnaît plus les officiers. Actuellement, toute la bande se dirige sur Orléans pour se refaire quelque peu[2].

L’armée de Chanzy, après avoir essayé pendant quelques jours de faire tête sur les bords de la Loire, s’était retirée dans les environs de Vendôme. Ce renseignement était parvenu,

  1. Lettre 118, Châteauneuf, 10 décembre.
  2. Lettre 120, Meung, 12 décembre.