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quera des représailles. Des gens, qui n’appartiennent à aucun corps de troupe portant l’uniforme, sont de vulgaires assassins s’ils vous reçoivent à coups de fusil. Il n’y a pas autre chose à faire que d’incendier toute localité d’où seront partis des coups de feu. Voilà comment à la guerre tout prend les proportions les plus fâcheuses[1] !

Le rappel du commandant de la Ire armée, ce « polichinelle » de Steinmetz comme il l’appelle, le comble de joie :

Hier, on a prié Steinmetz de se retirer chez lui. On aurait dû, dès le 6 août, l’expédier à Posen. Il est devenu l’être complètement fou, auquel on a malheureusement laissé le droit de commettre beaucoup trop de sottises. Il a eu avec le Roi et avec le Prince Frédéric-Charles les scènes les plus pénibles ; il invoque sans cesse ses lauriers de Nachod et de Skalitz, et se figure que chacun, en le voyant, doit s’incliner respectueusement. Il s’est permis d’incroyables abus de pouvoir…[2]

Jugement sur les aumôniers militaires :

Mon opinion sur les aumôniers militaires n’est pas très bonne. Au lieu des trois réglementaires, qui suffisent parfaitement pour un corps d’armée, nous en avons six dans une seule division. Ils y viennent de leur plein gré, dit-on, mais quand, comme moi, on a réellement affaire avec eux, on reconnaît malheureusement le vrai motif pour lequel ils viennent. Jamais jusqu’à présent un ecclésiastique n’a exprimé un désir pour les autres, mais toujours pour lui tout seul. Il n’y a pas le moindre effort à faire pour se rendre compte que l’argent joue un grand rôle dans leur service volontaire. La guerre donne décidément de tristes exemples des proportions que peut atteindre l’égoïsme humain[3].

Jugement sur Bazaine :

…Au début, il lui eût peut être été possible de percer au prix de grands sacrifices. Maintenant, nous avons construit tout un cercle de retranchements, nous avons de grosses pièces et tous les vides sont bouchés depuis l’arrivée des troupes de remplacement. Actuellement, il est trop tard pour sortir. Bazaine n’ordonne d’ailleurs ces combats que pour motiver la capitulation… Pourtant, je ne crois pas à la capitulation : va, Bazaine lui-même ne se laissera pas mourir de faim. — Du reste, il a adressé au Prince Frédéric-

  1. Lettre 19, Etain, 29 août.
  2. Lettre 34, Vernéville, 19 septembre.
  3. Lettre 40, Vernéville, 22 septembre.