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On sait le rôle joué par la IIe armée allemande au cours des grandes batailles sous Metz, journées sanglantes dont le résultat fut de rendre impossible au Maréchal Bazaine la retraite sur Châlons. Le 16 août, le IIIe corps eut à supporter seul, pendant la plus grande partie de la journée, tout l’effort de l’ennemi, mais il eut aussi à subir des pertes énormes ; le 18, il fut maintenu en réserve et ne prit part à l’action qu’assez tard dans la soirée. À plusieurs reprises, Kretschman revient sur la bataille du 16 août, sur les incidents qu’il a pu noter, sur les conséquences des victoires de Rezonville et de Saint-Privat. Il attribue tout le mérite de la journée au général d’Alvensleben qui, sans une minute d’hésitation, attaqua des forces trois fois supérieures à celles dont il disposait.

Il porte sur la cavalerie des appréciations qui ne sont pas toujours à l’honneur de cette arme. Il raconte comment le colonel de Voigts-Rhetz, chef d’état-major du IIIe corps, et lui-même furent obligés de dire à des chefs de corps de cavalerie « des choses qu’on ne devrait pas avoir à dire à un officier ». Évoquant le souvenir de la charge de la brigade Bredow (7e cuirassiers et 16e uhlans), un de ces faits d’armes devenus presque légendaires en Allemagne, il montre le Général, qui devait mener la charge, hésitant au moins un quart d’heure et ne se décidant à partir que sur cette invitation un peu brutale du colonel de Voigts-Rhetz : « Enfin ! Monsieur le Général, vous avez l’ordre formel de charger la batterie qui est là-bas : vous n’avez pas à vous occuper des pertes[1] ».

Quelques jours après les victoires de Rezonville et de Saint-Privat, il apprécie en ces termes les conséquences des journées du 16 et du 18 août :

Nous étions trop près de Metz pour qu’une poursuite fût possible. L’armée française est enfermée dans Metz : elle cherchera peut-être à percer en un point quelconque. Pourtant cela deviendra chaque jour plus difficile, car chaque jour nous nous fortifions. Pendant ce temps, le Prince Royal, qui dispose de plus de 200 000 hommes, peut avoir donné à la question une solution définitive. Nos victoires, c’est-à-dire celles du IIIe corps, ne font pas sans doute, dans leur exposé, le même effet que celle de Wörth, mais elles ont bien une

  1. Lettre 15, Jouaville, 25 août.