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jeune officier, l’acquisition d’un cheval ; le soin qu’il apporta dans son choix et ses connaissances hippologiques ne tardèrent pas à lui donner dans l’armée une certaine notoriété. Son esprit et son talent de brillant causeur lui valurent rapidement une situation en vue dans la société. Ses brillantes qualités l’imposaient en très peu de temps à son entourage ; il savait porter la gaîté jusque dans les milieux les plus ennuyeux[1] ».

En 1863, Kretschman, nommé capitaine, fut affecté au 2e régiment d’infanterie de Magdebourg No27, à Halberstadt. Il y épousa, l’année suivante, la fille du conseiller provincial Baron de Gustedt. Le vieux conseiller, issu d’une famille fixée en Saxe depuis des siècles, se souciait fort peu de marier sa fille avec un pauvre capitaine d’infanterie : deux fois, il refusa son consentement ; pourtant, il se laissa fléchir à la troisième démarche. En 1865, peu de temps après la naissance de sa fille Lily, Kretschman fut nommé professeur à l’École militaire de Neisse. Lorsque la guerre éclata entre la Prusse et l’Autriche, il reprit sa place au régiment No27 et fit la campagne de 1866 comme commandant de compagnie. Atteint d’un coup de feu à la jambe le jour de Sadowa, il fut laissé pour mort sur le champ de bataille : le soir, après la victoire, il fut retrouvé par quelques soldats de sa compagnie et transporté à l’ambulance. Il fut longtemps à se remettre de cette blessure, dont il devait, d’ailleurs, souffrir toute sa vie.

Après la signature de la paix autro-prussienne, il fut envoyé comme professeur à l’École militaire de Postdam. À peine un an avant la guerre franco-allemande, promu au grade supérieur, il entra à l’État-major général et fut désigné comme directeur de l’École militaire de Neisse. Ce soldat cultivé, qui s’occupait à la fois d’art, de littérature et de politique, était, en outre, un admirateur passionné de la nature et possédait des connaissances très étendues dans le domaine des sciences naturelles. Sa fille nous dit : « Je me souviens encore de la façon dont il cherchait, dans le jardin de la maison, à éveiller en moi le sentiment de la nature… Il était lui-même capable d’apprécier en artiste ou comme un enfant les jeux de lumière, les formations de nuages, les simples petites fleurs

  1. Introduction, p. v.