Page:Revue de Paris - 1908 - tome 6.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les combats ou sont actuellement en prison ; d’autre part, les magnifiques récoltes de cette année garantissent la solvabilité des indigènes ; on peut donc prévoir que le règlement de comptes s’accomplira sans peine. Ainsi, les fonctionnaires de Moulaye Hafid, lorsque sa reconnaissance sera accomplie, trouveront, grâce à nous, dans les Chaouïa, la province la mieux organisée et la plus soumise de tout l’empire chérifien.

On peut se demander quel bénéfice nous aurons retiré de notre action à Casablanca : les avantages qu’elle nous aura valus ne se manifestent pas à première vue. Mais il faut se souvenir que nous n’y sommes pas allés dans un but de conquête et seulement avec l’intention de venger nos nationaux et de rétablir notre prestige. Nous y sommes parvenus. Il est hors de doute que notre campagne dans les Chaouïa, ainsi que la répression des Beni Snassen et nos victoires remportées sur les harkas du Sud, enlèveront dorénavant aux Marocains le goût des attaques contre les Européens des ports et des incursions sur le territoire algérien. En outre les dépenses que nous avons faites, le sang que nous avons versé et le désintéressement dont nous avons fait preuve, donneront à la France une situation prépondérante et dont toutes les puissances, quelles qu’elles soient, seront obligées de tenir compte, dans les discussions diplomatiques que pourra susciter dans l’avenir l’anarchie marocaine.

Ce résultat n’est pas négligeable et nous en sommes redevables au général d’Amade. Depuis qu’il a pris le commandement du corps expéditionnaire les opérations se sont déroulées sans arrêt suivant un plan rationnel et nettement conçu. Les difficultés de toutes sortes ont été vaincues, les nombreux obstacles surmontés. Pendant toute la campagne, le courage et l’endurance de nos troupes, la valeur de nos officiers ont été à la hauteur des talents, de la persévérance et de l’audacieuse énergie du chef qui les commande.

réginald kann