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Ourimi dans les environs de laquelle les douars de Bou Nouala avaient été signalés. La ruse réussit ; l’ennemi complètement surpris ne chercha pas à résister ; tous les cavaliers s’enfuirent vers l’ouest abandonnant dans leurs camps la presque totalité des fantassins, des femmes et des troupeaux. Les fanions blancs qui flottaient sur les tentes firent croire à nos troupes que les gens restés dans les douars se rendaient. Mais au moment où notre ligne atteignait la première rangée de tentes, elle fut accueillie par des coups de feu tirés presque à bout portant et heureusement mal ajustés. Les Marocains essayèrent alors de s’enfuir, mais voyant les Français les serrer de trop près, ils jetèrent leurs armes en demandant quartier. On ne leur fit pas grâce et une cinquantaine furent exécutés, tandis qu’on groupait les non-combattants dans le douar principal qui fut respecté. Tous les autres campements, au nombre d’une trentaine environ, devinrent la proie des flammes. La nuit était tombée lorsque la colonne, remettant en liberté les prisonniers, reprenait le chemin de Dar ould Fatima.

Les combats du 8 et du 15 mars avaient été décisifs. Les soumissions affluaient ; la mehalla d’Omar Sketani, abandonnant les Medakra, battit en retraite sur Mechra ech Chaïr et on pouvait considérer qu’à part quelques fractions des tribus orientales, tout le pays chaouïa était fatigué de la lutte et désireux de la voir cesser à n’importe quel prix. Ainsi les Français, grâce à leur incessante activité et à la pression continue exercée sur l’ennemi, avaient reconquis complètement la supériorité morale sur l’adversaire et rétabli leur prestige.

Le moment était venu de faire appel à des moyens d’action nouveaux en créant des détachements régionaux destinés à rassurer par leur présence la population soumise, à constituer des bases avancées contre les irréductibles, soit qu’on voulût négocier avec eux, soit qu’on entreprît de nouvelles opérations pour briser complètement leur résistance. Il s’agissait en un mot de matérialiser le résultat obtenu et d’inaugurer une