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encore vides. La chambre à coucher et le cabinet de travail étaient terminés ; on y voyait de précieuses tentures en tapisserie, des meubles Louis XIV d’une grande richesse, de beaux tableaux flamands.

Sur la table a écrire, Louise remarqua deux portraits : le sien, — une miniature entourée de diamants, que Fernand avait fait faire par une dame médaillée au dernier Salon, — et celui de la baronne Epstein, très belle encore sous ses cheveux blancs…

Vers la fin de septembre, les cours du cuivre subitement remontèrent. Louise crut enfin deviner que son ami reprenait confiance. Elle s’enhardit à l’interroger. Il lui dit qu’il était maintenant à peu près rassuré, mais qu’il serait sans doute obligé d’aller passer quelque temps en Angleterre. Leur séjour à Saint-Cloud s’acheva doucement, sous la fine lueur d’automne, et, vers le milieu d’octobre, Louise étant rentrée avenue de Villiers, Fernand partit pour Londres.

On allait tenter un suprême effort. En sollicitant, en attirant les capitaux anglais, réfractaires, hostiles même jusqu’ici, on fonderait une société nouvelle qui absorberait l’ancienne. Tel cet oiseau mythologique au plumage d’or, que la fable faisait renaître de ses cendres, le premier syndicat devait s’évanouir et donner naissance à un autre dont la jeunesse rayonnante emplirait les âmes de confiance et d’espoir.

Fernand fut plus d’un mois absent. Quand il revint, rien n’était conclu ; il n’avait recueilli que des promesses et des engagements flottants comme les brouillards de la Tamise.

En cette fin d’année, durant ces journées courtes et tristes, qui semblent mesurées par une ménagère avare, la Société des Métaux se débattit parmi des difficultés toujours grandissantes.

Parfois Fernand ne dissimulait plus, montrait son angoisse et sa détresse ; puis son énergie reprenait le dessus, lui laissait l’espoir de se refaire sur d’autres valeurs moins atteintes que celles du syndicat.

Quoique devenus plus irréguliers, ses rendez-vous avec Louise étaient encore fréquents. Les soucis croissants au milieu desquels il luttait avivaient en elle une amitié qui avait toujours été plus tendre que passionnée. Et, le voyant souffrir, elle trouvait des consolations délicates et ingénues :