Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHEZ


LES HEUREUX DU MONDE[1]

XIII


Lily, à son réveil, après d’heureux rêves, trouva deux billets à côté de son lit.

L’un était de Mrs. Trenor, annonçant qu’elle venait en ville, tantôt, pour la journée seulement… Elle espérait bien que miss Bart pourrait dîner avec elle… L’autre était de Selden. Il écrivait brièvement qu’une affaire importante l’appelait à Albany ; il ne serait de retour que dans la soirée : il priait Lily de lui faire savoir à quelle heure elle pourrait le recevoir le lendemain.

Lily, enfoncée dans ses oreillers, regardait rêveusement cette lettre. La scène dans la serre des Bry avait fait comme partie de ses rêves ; elle ne s’était pas attendue à se réveiller devant l’évidence de sa réalité. Elle eut tout d’abord un mouvement d’ennui : cet acte imprévu de Selden ajoutait une autre complication à son existence. Cela lui ressemblait si peu, à lui, de céder à une impulsion tellement irrationnelle ! Avait-il vraiment l’intention de la demander en mariage ? Une fois déjà, elle lui avait montré l’impossibilité d’un semblable espoir ; et toute

  1. All rights of translation reserved.
    Voir la Revue des 15 novembre, 1er et 15 décembre 1907.