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semblait évoquer l’esprit de Mrs. Fisher pour la prendre à témoin de sa réussite. Sauf Mrs. Fisher, on aurait pu dire que le public était au grand complet : car le restaurant était rempli de gens qui se trouvaient là pour la plupart comme spectateurs, exactement renseignés sur les noms et les figures des célébrités qu’ils étaient venus voir. Mrs Bry, certaine que toutes ses invitées répondaient à ce signalement, et que chacune tenait son rôle à ravir, souriait à Lily avec toute la gratitude accumulée dont Mrs. Fisher n’avait pas su se montrer digne. Selden, rencontrant ce regard au passage, se demanda quelle part miss Bart avait eue dans l’organisation de la fête. En tout cas, elle contribuait beaucoup à son ornement ; et, tandis qu’il examinait la brillante assurance avec laquelle elle se comportait, il se moqua lui-même de l’idée qu’elle pût avoir besoin d’aide. Elle n’avait jamais paru plus sereine et maîtresse de la situation qu’au moment où l’on allait se séparer, alors que, se détachant légèrement du groupe qui était encore près de la table, elle se tourna avec un sourire et un gracieux mouvement d’épaule pour recevoir son manteau des mains de Dorset.

Le dîner s’était prolongé grâce aux exceptionnels cigares de M. Bry et à un extraordinaire cortège de liqueurs : beaucoup de tables étaient déjà vides, mais il restait dans la salle encore assez de dîneurs pour encadrer les adieux qu’échangeaient les hôtes considérables de Mrs. Bry. Cette cérémonie durait et se compliquait par le fait que la duchesse et lady Skiddaw faisaient des adieux véritables, avec des souhaits de se retrouver bientôt à Paris, où elles devaient s’arrêter, afin de remonter leur garde-robe, avant de rentrer en Angleterre. La qualité de l’hospitalité de Mrs. Bry et des tuyaux que son mari avait probablement offerts donna aux manières des deux Anglaises une cordialité expansive qui jetait la lumière la plus favorable sur l’avenir de leur hôtesse. Mrs. Dorset et les Stepney étaient visiblement enveloppés dans cette gloire, et la scène tout entière avait un air d’intimité particulièrement précieux pour la plume attentive de M. Dabham.

Ayant jeté un coup d’œil sur sa montre, la duchesse dit à sa sœur qu’elles n’avaient que le temps de gagner leur train, et, après le brouhaha de ce premier départ, les Stepney, qui