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UNE JOURNÉE
DE
PORT-ROYAL DES CHAMPS


— 1654 —


À M. Henri Bourrelier.


Écrire de Port-Royal après Sainte-Beuve, cela paraît au moins présomptueux ; mais après l’admirable ouvrage du grand critique, à côté de cette immense galerie de portraits peints par un maître, il y a place encore pour quelques tableaux plus étroits et plus humbles, pour quelques scènes de la vie privée et familière, sortes d’« Intérieurs » à la manière flamande, doucement baignés dans cette ombre paisible où luit toujours un rayon.

Port-Royal avait résolu de haïr le monde et d’en être haï. Après deux siècles, le « monde » a cessé de haïr Port-Royal — il l’ignore. Les catholiques pratiquants ont perdu le souci des controverses idéologiques. Ils s’inquiètent parfois de la « question sociale », mais, sur la question de la Prédestination et de la Grâce efficace, ils prennent tout bonnement l’avis de leur curé. Quant aux belles âmes qui se piquent de mysticisme, elles dédaignent les vertus discrètes et fortes, l’honnête gravité des Messieurs…

Non, il fut gallican, ce siècle, et janséniste !

C’est au moyen âge « énorme et délicat » que les néo-mystiques, plus ou moins « verlainiens », demandent des émotions esthétiques et littéraires.