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— Laissez-moi entrer là-dedans ! reprit Marvel.

Il poussa un cri aigu lorsque la porte s’ébranla sous un grand choc, bientôt suivi de coups précipités et de cris proférés au-dehors.

— Eh ! fit le policeman, qui est là ?

M. Marvel se mit à donner de la tête comme un fou contre les panneaux qu’il prenait pour des portes.

— Il me tuera ! Il a pris un couteau ou quelque chose… Par pitié…

— Tenez ! dit le garçon. Entrez là.

Et il souleva la planche du comptoir. M. Marvel se jeta derrière, juste au moment où l’appel du dehors était répété.

— N’ouvrez pas ! gémissait-il. Je vous en supplie, n’ouvrez pas ! Où vais-je me cacher ?

— Alors, c’est l’homme invisible ? — demanda l’individu à la barbe noire, une main derrière le dos. — Il est temps que nous le voyions !

Tout à coup, les vitres volèrent en éclats, et il y eut dans la rue des cris et des courses en tous sens. Le policeman, monté sur le canapé, regardait au-dehors et tendait le cou pour voir qui était devant la porte. Il descendit, les sourcils hérissés.

— C’est bien cela, dit-il simplement.

Le garçon se tenait debout, devant la porte du salon, qui était maintenant fermée à clef sur M. Marvel ; stupéfait, il jeta les yeux sur la fenêtre, et fit le tour du comptoir pour rejoindre les autres. Tout rentra subitement dans le calme.

— Je voudrais bien avoir mon bâton ! — dit le policeman, se dirigeant irrésolu vers la porte. — Dès que nous ouvrirons, il entrera, et pas moyen de l’arrêter !

— Ne vous pressez donc pas d’ouvrir ! dit avec inquiétude le cocher anémique.

— Ôtez les verrous, — dit l’homme à la barbe noire. — Et, s’il entre…

Il montra un revolver qu’il avait à la main.

— Ah ! non, pas cela ! — fit le policeman. Ce serait un meurtre.

— Je sais dans quel pays je suis : je tirerai aux jambes. Ôtez les verrous.