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la revue de Paris

De plus il est bien certain que les trois quarts des maires sont opposes à l’Empcrcur et que beaucoup de préfets et souspréfets maintenus par le roi ne témoignent pas d’un grand enthousiasme. Quant au clergé, il est tout acquis au roi. Il y a un changement notable dans l’attitude de la population dans beaucoup de provinces. Ma sœur Stacklcr m’écrit d’Alsace que, dans les villes et les campagnes, les prêtres tonnent contre l’usurpateur et menacent de l’enlcr les paysans qui obéissent au décret sur la garde nationale ; j’ai su également que l’évêque de Soissons, que j’ai vu maintes fois chez ma belle-mère à Vic-sur-Aisnc, a écrit au ministre qu’il ne reconnaissait pas d’autre souverain que Louis XVIII. Cela est vraiment de bôn augure.

16 mai. — Il a paru, il y a deux jours, un décret de Bonaparte annulant tous les grades accordés depuis le il avril i8iâ aux officiers servant dans la maison du roi. II décide qu’ils reprendront leur situation précédente et seront employés en cette qualité. Ceux qui refuseraient seront destitués par le seul fait de leur non-acceptation. Cette mesure est absolument inique.

20 mai. — On revient à la charge pour me forcer à reprendre du service ; les offres deviennent des ordres des plus impératifs, et les conseils se changent en menaces. Après le décret du i’i, je devais m’y attendre ; si je n’avais été si souffrant, il y a longtemps que je me serais mis en route. 21 mai. — Je décide mon départ ; je n ai que trop lardé, mais il est difficile de passer en Belgique en raison des corps français stationnés sur les frontières. J’estime cependant que je peux mettre environ cinq jours au plus. Je me munis dune somme ronde en louis d’or que je porterai constamment sur moi cousue dans une ceinture. Celle précaution est bonne à prendre, car l’argent est rare ici comme là-bas, et je ne veux être à charge à personne. 11 me tarde d’être auprès du roi et des princes dont j’aurais voulu ne point me séparer. VICOMTE DE RE1SET