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la revue de Paris

quelques-uns, braillards ou pillards peut-être, on a traque ces misérables comme des bêtes fauves après les avoir poursuivis à coups de fourche. Leur scapulaire cousu sur leur poitrine, la lleur de lys rouge qui décorait leurs pauvres vêlements les faisaient facilement reconnaître à défaut de cocarde blanche ; au Pont-Saint-Esprit on en a noyé dans le Rhône et aux portes de Nîmes on en a massacré un grand nombre ; il en a été de meme dans les Alpes et dans les Cévennes. Toutes ces bandes se composaient pour la plupart d’hommes sans éducation aux instincts grossiers, mais presque tous étaient honnêtes et courageux. En se voyant traiter d’une façon si affreuse, ils ont déclaré qu’ils voulaient servir le roi malgré lui el qu’ils se feraient justice eux-mêmes puisqu’on ne la leur faisait pas. Ces malheureux, au cerveau exalté et mystique en même temps, faisaient leurs prières en commun et s’entraînaient en chantant en chœur des complaintes, dont l’une, qu’on m’a procurée, me semble touchante ; en voici deux couplets : Loin de la belle France, Un roi puissant languit ; Son serviteur gémit De sa cruelle absence ! — Si d’Angoulême était ici, Mon cœur n’aurait plus de souci ! O France, ô nia patrie ! Que devient ton honneur Quand on te sacrifie Au Corse usurpateur ! Pour une cause impie On veut armer nos bras. Préférons le trépas A cette ignominie. — Louis, tu veux notre foi ! Crions toujours : Vive le roi ! Dans ces moments de crise, Quel que soit notre sort, Voici notre devise : Les Bourbons ou la mort !