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la route de l’exil

à ses instructions, a affiché le tout sur les murs de la ville. Lorsque, en haut lien, on s’est aperçu de la méprise, on a fait arracher les affiches, mais l’effet était produit et il a été désastreux pour le gouvernement.

25 avril. — Non seulement les puissances étrangères continuent à ne vouloir entretenir aucuns rapports diplomatiques avec Bonaparte, mais elles font ouvertement leurs préparatifs de guerre. Celui-ci de son côté ne reste pas inactif. On organise six régiments de tirailleurs et six de voltigeurs ; de plus, tous les hommes en congé absolu sont rappelés sous les drapeaux.

27 avril. — Ma belle-mère m’apprend qu’on est venu chez moi à Paris me faire des offres pressantes de service ; pas un instant je n’hésite à les refuser ; je tiendrai avec fidélité les engagements que j’ai pris. J’ai pu faire répondre que j’étais alité, souffrant, et à la campagne loin de Paris. Mon frère Louis a été sollicite par une députation de la ville de Rouen pour prendre le commandement de la garde nationale. Il a refusé.

29 avril. — Le rappel sous les drapeaux excite un enthousiasme fort modéré ; beaucoup des hommes rappelés refusent de partir, et ils sont en si grand nombre que la gendarmerie ne pourra pas avoir grande action contre eux.

2 mai. — La convention de la Palud signée par le duc d’Angoulême avait assuré aux volontaires royaux la protection des autorités pour retourner chez eux ; les malheureux qui s’y étaient fiés ont tous été attaqués. Les habitants des campagnes et des bourgs de certaines parties du Midi ont été indignes pour ces malheureux miquelets qui regagnaient leurs foyers avec la feuille de route qu’on leur avait délivrée. Ces pauvres gens, qu’on avait logés et accueillis quand ils étaient armés, et vainqueurs, ont été insultés et repoussés partout quand ils sont revenus battus et sans armes. On leur a fait payer bien cher leurs vantardises et leurs rodomontades qui n’étaient pourtant pas bien effrayantes. Pour se venger de