Page:Revue de Paris - 1900 - tome 6.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée
24
la revue de Paris

tout entier, il s’est vu peu à peu abandonner successivement par toutes ses troupes et il est resté seul avec le comte d’Ambrugeac, qui a montre une fidélité inaltérable. Il faut rendre cette justice à Grouchy, qu’il a agi avec le prince avec une courtoisie trop rare, hélas ! dans l’ailreux temps où nous vivons, (l’est grâce à lui qu’après avoir avoir capitulé il a pu gagner Celle. On a meme été jusqu’à dire que Grouchy a outrepassé ses instructions en laissant le prince s’embarquer. C’est la ruine définitive de nos dernières espérances. Cette prise d’armes a duré en tout vingt-cinq jours et le duc d’Angoulème y a déployé une bravoure et une énergie incontestables. Le prince et sa noble femme se sont montrés dignes Lun de l’autre. Marseille, qui avait tenu bon jusqu’à présent et était restée la dernière ville fidèle, vient de se soumettre à son tour en apprenant la retraite du duc d’Angoulême. Cent coups de canon tirés aux Invalides ont annoncé le 16, aux habitants de Paris, la soumission à Napoléon de la dernière ville de France restée fidèle à son roi.

21 avril. — On m’a dit aujourd’hui que l’Empcreur a été fort mécontent qu’on ait laissé s’embarquer le duc d’Angoulème. Il avait, prétend-on, le singulier projet de le faire prisonnier pour l’échanger avec l’impératrice Marie-Louise. Napoléon souffre cruellement de ne pas l’avoir près de lui, et plus encore de l’éloignement de son fils ; il suppose, ce qui est vraisemblable, qu’on ne leur permet pas de venir le rejoindre. Il se rend compte, en outre, de tout le tort que leur absence fait à sa cause, et quelle force leur présence apporterait au rétablissement de l’Empire. Pour remédier à ce fâcheux étal de choses, on s’est avisé d’un plaisant stratagème qui a, fort heureusement, piteusement échoué. Le gouvernement a fait faire des affiches annonçant le retour de Marie-Louise et de son fils. On y racontait qu’elle avait couché à Rambouillet, puis fait son entrée à Paris, où un peuple en délire avait dételé sa voiture et l’avait traînée en triomphe. Les affiches en question, bien entendu, n’étaient destinées qu’aux départements éloignés, ceux du Midi principalement ; mais, par suite d’une erreur, on en a envoyé un paquet à Rambouillet, où le maire, se conformant exactement