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la revue de Paris

Jérome le 27. Lucien également est venu, mais il est déjà reparti. On attend Madame Mère et le cardinal Fesch, il n’y a que l’impératrice et le roi de Home qui ne s’annoncent pas.

16 avril. — La princesse Louise de Coudé est, paraît-il, arrivée à Londres après une véritable odyssée. Dans la nuit du 19 au 20 mars un exprès de M.de Blacas est venu la réveiller et lui apprendre le départ subit du roi. Surprise au milieu de la nuit, la pauvre princesse, qui vit absolument retirée du monde, n’a pas pu se décider à partir et à prendre les mesures nécessaires ; le matin, au petit jour, elle est sortie du petit pavillon qu’elle habite, et s’est trouvée rue de Babylone sur le trottoir à cinq heures du matin, avec mademoiselle de Pmsière. Ce n’est pas cette ancienne religieuse, qui n’a guère plus d’expérience qu’elle des choses de ce monde, qui a pu lui être d’une grande utilité. Enfin toutes les deux, après de longues hésitations, se sont réfugiées chez de braves gens qui ont consenti à les cacher et leur ont facilité les moyens de fuite. Il est probable au reste qu’on n’eût guère songé à les inquiéter, et que ces deux pauvres femmes, qui ont passé la moitié de leur vie dans des couvents, ne portaient guère d’ombrage à l’Empereur. Il faut ajouter que la princesse est fort étrange et que sa vie n’a été qu’une longue suite d’aventures extraordinaires. Elle a essayé de nombre de couvents dont aucun ne lui a plu et qu’elle a tous successivement abandonnés. Enfin lorsqu’elle est rentrée en France, en 1814, c’est chez sa belle-sœur, la duchesse de Bourbon, qu’elle s’est installée. L’idée a semblé bizarre, étant donnés les rapports difficiles qui existent entre le duc et la duchesse de Bourbon. On l’eût certainement laissée aussi tranquille que la duchesse douairière d’Orléans, qui s’est cassé la jambe au moment où elle montait en voiture pour s’éloigner de Paris. Depuis que je suis de retour, je suis en butte aux obsessions incessantes de plusieurs de mes amis qui voudraient me voir reprendre la situation que j’occupais avant le départ du roi. On me répète sans cesse que je suis dégagé du lien que j’avais contracté, par celui même pour lequel je l’avais formé, et que le roi, en quittant la France, a délié de son serment l’armée tout entière ; j’ai rempli mon devoir autant qu’il