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LE MOINE NOIR


I

André Vassiliévitch Kovrine, agrégé de philosophie, était fatigué, il se sentait les nerfs un peu malades. Un médecin de ses amis lui conseilla, comme ils causaient devant un verre de madère, un séjour de quelques mois à la campagne.

Justement, Kovrine venait de recevoir une lettre par laquelle Tania Pessotzky l’invitait à venir passer quelque temps à Borissovka ; et il décida qu’un petit voyage lui ferait en effet le plus grand bien.

On était alors au mois d’avril. André se rendit tout d’abord à sa petite propriété de Kovrinka, où il demeura dans la solitude pendant trois semaines ; puis, au premier beau jour, il partit pour aller voir son ancien tuteur qui l’avait élevé, Pessotzky, un horticulteur bien connu en Russie. Une distance de quelque soixante-dix kilomètres séparait Kovrinka de Borissovka, où vivaient les Pessotzky, et ce lui fut un vrai plaisir d’accomplir ce court trajet dans une confortable voiture, par un chemin vert et fleuri.

La maison de Pessotzky était spacieuse. Une colonnade en ornait