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LA VIE ET L’ŒUVRE

DE MEISSONIER

D’APRÈS SES ENTRETIENS[1]

Meissonier disait un jour : « Je devrais aller à l’Institut des jeunes aveugles demander la clef de leur écriture, parce que, ne pouvant plus guère dormir, ma nuit se passe dans l’insomnie, à méditer, à me souvenir. Je ne pourrais, sans fatigue, écrire des heures, à la lumière ; mais je regrette de ne pas garder au vol ce qui se presse en moi dans l’ombre : je me figure que depuis longtemps j’aurais ainsi des volumes. » Et, un autre jour, restreignant lui-même le champ de ses pensées : « Ah ! les souvenirs accumulés, s’écriait-il avec une bonne grâce mêlée de tristesse, c’est comme les grappes au pressoir. La cuve déborde de raisins entassés, dont on

  1. Le monument sculpté par Antonin Mercié en l’honneur de Meissonier sera inauguré, le 25 octobre, au Louvre, dans le jardin de l’Infante. À cette occasion, nous sommes particulièrement heureux de publier une étude où se trouve toute la fleur des souvenirs de Meissonier, jusqu’à présent inédits, et recueillis par une main fidèle. L’ouvrage complet, auquel cette belle étude servira d’introduction, paraîtra dans le courant de l’année prochaine, orné de nombreuses illustrations, à la librairie Hachette.

    15 Octobre 1895.