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la revue de paris

L’Espagne compte beaucoup de sociétés aux noms poétiques. Il y en a à Madrid, à Salamanque, à Grenade, à Cadix, à Bilbao. Les rameurs de Barcelone ont plusieurs fois paru sur la Seine et les bicyclistes trouveront peut-être le moyen de prouver quelque jour que, pour eux non plus, il n’y a plus de Pyrénées. La gymnastique et les sports athlétiques sont patronnés par la jeune Espagne libérale et universitaire ; l’université d’Oviedo, ce sont des professeurs qui dirigent le mouvement ; à Madrid, l’Institucion libre de Enseñanza qui n’est restée étrangère à aucun progrès, a prêté aussi les mains à celui-là.

Mouvement analogue en Hongrie. Budapest, Kolozsvar, Pozsoni, Szeged, Szabadka ont leur « Athletikaï-Club » ; celui de Szabadka est même placé sous le vocable « d’Achille aux pieds légers », ce qui présuppose l’ambition de gagner toutes les courses à pied du royaume.

Les cyclistes de Saint-Pétersbourg sont présidés par S. A. I. le grand-duc Serge. La capitale russe possède en outre un Yacht-Club et une association de gymnastique. Les gymnastes d’Helsingfors en Finlande, fidèles à l’histoire plus qu’à la géographie, dépendent moralement de Stockholm. L’annuaire suédois et norvégien forme un volume. Tous les sports y sont représentés : le patinage et les sports de neige dominent, cela va sans dire, mais le canotage commence à paraître dans les fjords aux eaux dormantes et les jeunes hommes commencent à s’apercevoir que l’athlétisme avec ses ambitions viriles pourrait avantageusement se superposer au docte système de Ling. Les « vieux Suédois » suivent le développement de cette idée avec l’intérêt mêlé d’indignation qu’excite partout et toujours une pensée révolutionnaire. La « Svenska Gymnastik förbundet », présidée par le savant et sympathique capitaine Balck qui, en 1889 amena une équipe à Paris, n’échappe plus à ses velléités émancipatrices. Une épreuve analogue au « Pentathlon » grec figure même depuis quelques années dans les fêtes fédérales.

En Suisse, tout se fait par cantons. Autant de cantons, autant d’associations qui groupent elles-mêmes les sociétés locales. La dernière statistique accuse un total de vingt-six mille gymnastes. Le Suisse aime la lutte, le tir, la marche. L’escrime et l’aviron ont aussi, chez lui, de nombreux adorateurs.