Page:Revue de Paris - 1894 - tome 3.djvu/855

Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
la revue de paris

En Amérique, on a bien autre chose à faire ! Il faudrait d’abord finir de se disputer. La dispute est générale : non seulement les associations universitaires ressentent un profond mépris pour les « clubs », mais encore elles se dévorent entre elles, se jetant à la face des accusations de professionnalisme parfois justifiées, d’ailleurs. Ces mesquineries proviennent de l’isolement dans lequel les disciples de Monroe aiment à s’enfermer, au point de vue sportif, comme au point de vue économique. On dit avec raison que nous autres, Européens, ignorons ce qui se passe aux États-Unis ; mais l’ignorance et l’indifférence des États-Unis pour ce qui se passe en Europe sont vraiment prodigieuses. Les relations avec les clubs anglais sont presque nulles : le foot-ball a été modifié, là-bas, au point de rendre impossible une rencontre entre Jonathan et John Bull. Quelques coureurs à pied, quelques cyclistes se rendent visite de Londres à New-York, et depuis des années il est question d’une lutte nautique entre les équipes sorties victorieuses des deux grands matchs qui, annuellement, mettent aux prises les rameurs d’Oxford avec ceux de Cambridge et ceux de Yale avec ceux d’Harvard ; le projet n’a jamais pu aboutir. Les clubs des États-Unis forment six fédérations : celles de la Nouvelle-Angleterre, des États du Centre, de la côte du Pacifique, des États du Sud, de la côte de l’Atlantique et de l’État de New-York. Ces fédérations se sont rapprochées et ont institué une Amateur Athletic Union dont l’empire est trop vaste pour que sa puissance soit bien durable. Il y a, en outre, une League of American Wheelmen, qui régente le cyclisme, et une National Association of Amateur Oarsmen, qui groupe de nombreux clubs d’aviron, plusieurs unions de Sociétés allemandes de gymnastique et un grand nombre d’associations d’encouragement. Les « athletic clubs » américains — surtout ceux de New-York, Boston, Chicago, San-Francisco, la Nouvelle-Orléans, Washington, — sont remarquables par leur luxe : piscines de marbre, gymnases, salles de paume et d’escrime, tout y est ingénieusement combiné et installé avec une suprême élégance.

En Belgique aussi on se querelle. La Fédération Belge des Sociétés de gymnastique a repoussé avec horreur la pensée de