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le rétablissement des jeux olympiques

civilisation anglaise, parce que c’est en Angleterre qu’il a reparu au xixe siècle et ils s’imaginent naïvement que ce qu’ils appellent « les sports anglais » ne sauraient produire que des Anglais ou du moins des anglomanes. En réalité, il s’agit d’un principe humain, vieux comme le monde et qui est la conséquence de la cohabitation, dans l’homme, de l’esprit et du muscle. S’il y avait eu deux Adam dans le paradis terrestre, je me représente fort bien le premier disant au second : « Nous allons nous mesurer : je veux courir plus vite que toi, sauter plus haut, frapper plus fort », et à la suite de cette première réunion de sports athlétiques, je me représente encore le vaincu tendant la main au vainqueur, puis allant s’entraîner pour le vaincre à son tour.

Voilà donc des formules diverses et qui semblent presque irréconciliables. Comment le ludus pro bello peut-il admettre le ludus pro pace ? Y a-t-il une analogie quelconque entre l’état d’âme d’un rameur d’Oxford et celui d’un Sokol de Bohême ?… Mais ce n’est pas tout. La corrélation est intime entre les tendances, les aspirations d’un peuple et la manière dont il comprend et organise, chez lui, l’exercice physique ; le sport n’est pas entendu de la même façon au nord et au midi, et la solution donnée par ceux-ci à telle question sportive paraîtra inacceptable à ceux-là.


ii

Ainsi en est-il de l’épineux problème de l’amateurisme et du professionnalisme. Des flots d’encre ont déjà coulé sur cette querelle-là sans que les choses en paraissent beaucoup plus avancées. Le problème existait à Olympie : de tout temps les uns ont couru pour le gain, les autres pour leur plaisir ; les uns ont cherché l’argent, les autres la gloire. Mais ce problème, la civilisation moderne l’a singulièrement compliqué ; ce n’est pas sur les vélodromes qu’on le règlera. Le sport y est devenu une carrière ; la bicyclette est un cheval de course ;