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le rétablissement des jeux olympiques

sances. Mais l’auréole stoïcienne qu’ils se mettaient au front, inconsciemment, la netteté de leur attitude, leur conception très précise et très juste du genre de services que l’athlétisme peut rendre au monde moderne, tout cela attira l’attention sur eux. On se moqua d’eux ; mais ils n’étaient pas de ceux que le ridicule décourage. Quand le mouvement prit de la consistance, ils furent attaqués furieusement, avec rage ; mais déjà leur œuvre était sous la protection de la jeunesse. Les Universités d’Oxford et de Cambridge avaient commencé de s’y associer. Elles devaient y trouver le germe d’un magnifique relèvement, d’une purification bien nécessaire. En même temps, ce grand citoyen, Thomas Arnold, le premier des éducateurs anglais, donnait la formule du rôle de l’athlétisme dans la pédagogie. La cause fut vite entendue et gagnée. L’Angleterre se couvrit de champs de jeu. Les sociétés se multiplièrent. On ne soupçonne pas leur nombre. Les grandes villes en renferment non pas seulement dans les quartiers aristocratiques, mais dans les quartiers pauvres. Chaque village en compte une ou deux. De sorte que, si la loi anglaise ne pourvoit pas à l’éducation physique des enfants, l’initiative privée la remplace largement. Puis, en quittant le sol natal, les fils d’Albion emportèrent avec eux la recette précieuse ; et l’athlétisme déborda dans les deux hémisphères, sous les climats les plus variés. En Australie, au Cap, à la Jamaïque, à Hong-Kong, aux Indes, les Unions athlétiques prospèrent et s’enrichissent. Une presse spéciale s’est fondée pour servir les intérêts du monde athlétique. D’innombrables journaux ont surgi. Les résultats d’une partie de cricket jouée à Melbourne ou d’une lutte à l’aviron sur le Paramatta font le tour du monde et s’en viennent prendre place dans ce Times qui, il y a quarante ans, annonçait bien timidement, dans un petit coin, les premières courses à pied entre Oxford et Cambridge.

Aux États-Unis le mouvement date de la guerre de Sécession. Le docteur Sargent (une autorité en la matière) estime que, de 1860 à 1870, un million de dollars, de 1870 à 1880, deux millions et demi, enfin de 1880 à 1890, vingt-cinq millions ont été dépensés pour établir des champs de jeu, des salles d’exercices ou fabriquer des appareils, soit un total de