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religion naturelle ou de déisme, en atténuant le côté de la révélation et en présentant les prescriptions les plus particulières de la Thora comme de simples préceptes de raison naturelle ou d’hygiène bien entendue. Dans une telle manière de présenter les choses, on ne nie pas la révélation ; mais on la dissimule. Les apologistes chrétiens à la manière de Minucius Félix[1] pratiqueront la même méthode : les apologistes de nos jours en abusent. On diminue la pilule pour la rendre plus avalable. Aucun esprit scientifique ne se laisse tromper à ces sophismes : mais les thèses hybrides ont souvent quelque chose de séduisant pour les lettrés.

II
LE LOGOS

La théorie des idées de Platon est peut-être la partie de la philosophie grecque à laquelle Philon doit ses concepts fondamentaux. La raison (Logos) est l’archétype du vrai, du bien. du bon en soi : au-dessous est la matière inerte, à laquelle l’intelligence suprême donne la forme. Rien ne se crée de rien. rien ne se détruit : mais les formes des choses, toujours variables. Dieu les prend dans les idées éternelles qu’il contemple en lui-même. Le monde est, par conséquent, éternel. Dieu n’est pas précisément créateur. Il ne se repose jamais : sa nature est de produire toujours. La création n’a pas commencé dans le temps. Dieu est le principe de toute action dans chaque être en particulier, aussi bien que dans l’univers : à lui seul appartient l’activité. Tout ce qui existe est pénétré de lui. Il est le lieu universel ; car il contient tout. Il est tout.

Une telle doctrine aujourd’hui s’appellerait panthéisme : ce

  1. Orig. du christ., VII. p. 107 et suiv.