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UNE

EXCURSION A GOA,

Dans le mois de novembre 1835, je me trouvais à la côte Malabare : j’avais le dessein de me rendre à Bombay, et me sentant peu de goût pour les traversées de mer, qui , outre l’incertitude attachée souvent à leur durée, ont encore l’inconvénient de ne permettre d’apercevoir les côtes qu’à l’aide d’un télescope, j’avais préféré la voie de terre. Un des points curieux de ces contrées, que les bruits’répandus à cette époque dans le sud de riude entouraient d’un intérêt plus vif encore, c’était Goa. J’en avais entendu parler quelquefois pendant mon séjour à Pondichéry : les droits de don Pèdre et de don Miguel étaient venus, disait-on, y chercher un dernier champ de bataille. On y faisait manœuvrer sur la carte des armées au petit pied ; on leur donnait môme encore les costumes de ces premiers conquérans des mers, dont la race abâtardie se retrouve presque partout sous le nom de Ropas, et la galanterie portugaise y rappelait, disait-on aussi, les beaux jours de la cour brillante de Goa, celte perle de l’Inde. Je remontai la côte Malabare, et, en me rapprochant de plus en plus de ce petit royaume , je fus étonné de l’absence absolue de toutes nouvelles positives. D’après l’opinion générale, toutes relations avaient depuis long-temps cessé avec la côle et les pays anglais environnans ; chacun répétait des bruits de pillages , de massacres et de proscriptions : le voyageur devait éviter de passer dans des lieux où il ne pouvait réclamer aucune assistance d’autorités non-constituées, et variant selon les hasards journaliers des guerres civiles qui s’étaient, pour ainsi dire, aclimatées dans ces contrées. Après avoir vainement pris langue à Tellichery,