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du peuple, et qui fait que la société, c’est-à-dire les gens qui ont souci d’autre chose que de vivre et de mourir, se grossit sans cesse des recrues de la multitude, ce mouvement qui n’est autre chose que la marche de la civilisation, ce sont les révolutions qui l’aident et qui le hâtent. C’est même par ce côté qu’il faut juger de leur mérite. Plus elles étendent le cercle de la société politique ou religieuse, plus elles font entrer de monde au Forum ou dans le temple, plus elles méritent notre reconnaissance. C’est par là que les révolutions religieuses sont plus grandes et plus efficaces que les révolutions politiques ; elles s’adressent à plus de monde. C’est par là aussi que le christianisme, qui n’a pas voulu commencer par le beau monde, pour descendre ensuite au petit peuple, mais qui s’est élancé hardiment du fond du peuple au haut de la société, et qui s’est fait jour de bas en haut ; c’est par là que le christianisme a été de toutes les révolutions celle qu’on peut appeler la plus démocratique ; car c’est celle qui a poussé en avant le plus de monde ; c’est elle, pour ainsi dire, qui a fait le plus d’hommes, puisqu’on n’est homme à présent qu’à condition de prendre intérêt à une patrie ou à une religion.

Saint-Marc Girardin.