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contre Thécla ; la lionne le combat et le tue : vient un lion ; la lionne lutte contre lui, le tue, mais expire aussi avec son ennemi. Alors on lâche de nouvelles bêtes féroces ; mais toutes en s’approchant de Thécla se calment et s’adoucissent. À ce spectacle, toutes les femmes pleines d’admiration répandent à l’envi des fleurs et des parfums en poussant des cris d’enthousiasme, de sorte qu’il s’exhalait du Cirque une odeur délicieuse. Le préfet, interdit de toutes ces choses, fait approcher Thécla de son tribunal et lui dit : Qu’êtes-vous donc, et de quelle nature pour qu’aucune des bêtes féroces ne vous ait touchée ? — Je suis une servante du Dieu vivant, répondit Thécla, et je crois en Jésus-Christ fils de Dieu : voilà pourquoi aucune des bêtes féroces ne m’a touchée.

Le préfet, ému de ces paroles, fit apporter des vêtemens et ordonna à Thécla de se vêtir, elle le fit et lui dit : puisse le Dieu qui m’a vêtu quand j’étais nue au milieu des bêtes féroces, au jour du jugement vous vêtir de la tunique du salut ! — Allez, et soyez libre, répondit le préfet ; car vous êtes la servante de Dieu.

Alors toutes les femmes se pressèrent autour d’elle et se mirent à crier toutes d’une voix : il n’y a qu’un dieu, le Dieu que Thécla adore, le Dieu qui a sauvé Thécla ; et elles la conduisirent en triomphe à la maison de Trisina.

Ce ne fut pas là la dernière épreuve de Thécla : déjà renommée par sa sainteté, elle s’était retirée près de Séleucie, sur une montagne, dans une caverne, enseignant la foi nouvelle et guérissant les malades ; de tous les lieux voisins on apportait les malades et les possédés sur la montagne qu’habitait Thécla, et à peine s’étaient-ils approchés de sa demeuré qu’ils se trouvaient guéris. Aussi les médecins de Séleucie ne faisaient plus rien : personne ne venait plus les consulter. Pleins de colère et de jalousie, ils résolurent de perdre Thécla. « C’est, disaient-ils, une vierge qui s’est dévouée à Diane, et comme elle est restée chaste, elle est chérie de la déesse qui lui accorde tout ce qu’elle lui demande : envoyons des hommes pour l’outrager, et une fois qu’elle aura perdu sa virginité, Diane n’écoutera plus ses prières en faveur des malades. » Alors ils envoyèrent sur la montagne quelques misérables, après