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sillés des ténèbres du monde, voyaient comme une fête nuptiale se préparer au ciel : il n’y manquait ni les guirlandes, ni les roses, ni les hymnes de joie, ni surtout l’idée si douce et si nécessaire dans le mariage, l’idée d’une perpétuelle union.

Au martyre de Thécla, il n’y eut ni jeune homme qui s’élança de la foule, ni fiançailles achevées dans le martyre. Thamyris resta immobile, et Thécla allait périr. Déjà la flamme brillait, quand tout à coup il se fit un tremblement de terre et un violent orage qui renversa le bûcher, éteignit le feu, et laissa Thécla saine et sauve.

Cependant saint Paul était caché dans un tombeau, sur la route d’Icore à Daphné, avec Onésiphore, sa femme et ses enfans. Ils jeûnaient tous et priaient. Après plusieurs jours de jeûne, les enfans dirent à saint Paul : Nous avons faim, mon père, et nous n’avons pas de quoi acheter du pain. En effet, Onésiphore avait tout quitté pour suivre saint Paul. Saint Paul ôta sa tunique, et dit : Va, mon fils, achète du pain, et apporte-le. L’enfant avait acheté du pain, quand il rencontra Thécla : Où allez-vous, Thécla ? lui dit-il. — Je cherche saint Paul, répondit-elle ; Dieu m’a sauvée du feu. — Eh bien ! venez avec moi ; et je vous conduirai auprès de lui : car voilà six jours qu’il gémit à cause de vous, qu’il prie et qu’il jeûne.

Thécla et l’enfant arrivèrent au tombeau. Se trouvant tous réunis, ils firent le repas avec une grande joie. Ils n’avaient que cinq pains, des légumes et de l’eau ; mais ils se réjouissaient des œuvres du Christ et de la délivrance de Thécla.

Celle-ci dit à saint Paul : Maintenant lève-toi, je te suivrai partout où tu iras ; mais saint Paul lui répondit : Le siècle est débauché, tu es belle, crains les mauvaises entreprises des hommes du monde. — Non, donne-moi le baptême au nom du Christ, et je ne craindrai aucune épreuve.

À ces scènes d’intérieur et de ménage, pleines de naïveté, succèdent de nouveaux dangers. À Antioche, Thécla est condamnée à être exposée aux bêtes. Ici le récit est empreint de ce double caractère de merveilleux d’une part, et de vérité de mœurs de l’autre, que nous cherchons à faire ressortir. Ce sont toutes les fictions de