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Si vous êtes aussi les serviteurs de Dieu, répondit Onésiphore, venez avec moi, et prenez du repos dans ma maison. Alors ils suivirent Onésiphore ; et dès que saint Paul fut entré, ce fut une grande joie dans toute la famille. Ils prièrent Dieu à genoux, ils firent la cène ; puis saint Paul s’écria :

Heureux les hommes qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ; heureux les hommes qui vivent chastes et sans souillures, car ils seront les temples de Dieu !

Heureux ceux que fait trembler la parole de Dieu, car ils seront consolés ; ceux qui conservent la pureté du baptême, car ils se reposeront au sein du père ; ceux qui ont l’intelligence de Jésus-Christ, car ils habiteront dans la lumière !

Heureux surtout les corps et les esprits des vierges, car elles plairont à Dieu, et ne perdront pas le prix de leur chasteté !

Ainsi parlait saint Paul dans la maison d’Onésiphore.

Je ne sais si je me fais illusion ; mais cette scène d’hospitalité chrétienne me semble avoir un charme particulier. Voilà presque les vieilles mœurs d’Homère ; voilà cet empressement à recevoir un hôte : Car Jupiter accompagne les hôtes et les supplians (Odyssée, liv. 7). Mais ici ce n’est pas un hôte ordinaire, qui vient, au nom de Jupiter, s’asseoir près du foyer : c’est un serviteur du Dieu qui bénit ; c’est un apôtre. Aussi avec quel zèle toute la famille accourt sur ses pas ! « Que les dieux, dit Ulysse à Nausicaa, que les dieux exaucent toutes les pensées de votre cœur ; qu’ils vous donnent un mari, des enfans, et surtout la paix de la famille. » Voilà les vœux du monde, les vœux du paganisme. Que dit l’hôte divin d’Onésiphore ? Que la grâce de Dieu soit avec toi et avec ta famille : voilàl’esprit de la foi nouvelle. Même contraste dans les souhaits et dans les idées de bonheur : « Trois fois heureux, dit Ulysse, et ton père, et ta mère, et tes frères ! Comme leur cœur bondit de joie lorsqu’ils te voient, jeune et florissante, te mêler aux chœurs de danse ! mais heureux par-dessus tous, heureux dans son ame, l’époux qui t’amènera dans sa maison ! » Depuis douze siècles, et long-temps avant sans doute, ce sont là les vœux qui ont ouvert le cœur des jeunes filles aux prières des supplians ; ce sont là les pa-