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LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.

tous les moyens possibles l’impression de ses terreurs. Quelques-uns ont cru y parvenir en exagérant les incidens surnaturels du roman ; mais ce que nous venons de dire explique comment ils se sont trompés dans leurs descriptions étudiées et surchargées d’épithètes. Le luxe des superlatifs rend leur récit fastidieux et même burlesque, au lieu de frapper l’imagination. C’est ici qu’il faut bien distinguer du bizarre le merveilleux proprement dit. Ainsi, les contes orientaux, avec leur multitude de fées, de génies, de géans, de monstres, etc., amusent plus l’esprit qu’ils n’intéressent le cœur. On doit ranger dans la même classe ce que les Français appellent contes de fées, et qu’il ne faut pas confondre avec les contes populaires des autres pays. La fée française ressemble à la péri d’Orient ou à fata des Italiens, plutôt qu’à ces follets (fairies) qui, en Écosse et dans les pays du Nord, dansent autour d’un champignon, au clair de la lune, et égarent le villageois anuité. C’est un être supérieur, qui a la nature d’un esprit élémentaire, et dont la puissance magique très-étendue peut fane, à son choix, le bien et le mal. Mais de quelque mérite qu’ait brillé ce genre de composition, grâce à quelques plumes habiles, il est devenu, grâce à d’autres, un des plus absurdes et des plus insipides. De tout le cabinet des fées, quand nous avons pris congé de nos connaissances de nourrice, il n’y a pas cinq volumes sur cinquante que nous pourrions relire avec plaisir.

Il arrive souvent que lorsqu’un genre particulier de composition littéraire devient suranné, quelque caricature ou imitation satirique fait naître un genre nouveau. C’est ainsi que notre opéra anglais a été créé par la parodie que Gay voulut faire de l’opéra italien, dans son Beggar’s opéra (opéra du Gueux). De même, lorsque le public fut inondé de contes arabes, de contes persans, de contes turcs, de contes mogols, etc., etc., Hamilton, comme un autre Cervantes, vint, avec ses contes satiriques, renverser l’empire des dives, des génies, des péris et des fées de la même origine.

Un peu trop licencieux peut-être pour un siècle plus civilisé, les contes d’Hamilton resteront comme un piquant modèle. Il a eu de nombreux imitateurs, et Voltaire, entre autres, qui a su faire