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« L’autre objection que vous me faites est sur ce vers de ma poétique :


« De Styx et d’Achéron peindre les noirs torrens.


« Vous croyez que


» Du Styx, de l’Achéron peindre les noirs torrens


» serait mieux. Permettez-moi de vous dire que vous avez en cela l’oreille un peu prosaïque, et qu’un homme vraiment poète ne me fera jamais cette difficulté, parce que de Styx et d’Achéron est beaucoup plus soutenu que du Styx et de l’Achéron. Sur les bords fameux de Seine et de Loire serait bien plus noble dans un vers, que sur les bords fameux de la Seine et de la Loire. Mais ces agrémens sont un mystère qu’Apollon n’enseigne qu’à ceux qui sont véritablement initiés dans son art. » La remarque est juste, mais l’expression est bien forte. Où en serions-nous, bon Dieu ! si, en ces sortes de choses, gisait la poésie avec tous ses mystères ? Chez Boileau ; cette timidité du bon sens, déjà signalée, fait que la métaphore est bien souvent douteuse, incohérente, trop tôt arrêtée et tarie, non pas hardiment logique, tout d’une venue et à pleins bords.


Le Français, né malin, créa le vaudeville ;
Agréable indiscret, qui, conduit par le chant,
Passe de bouche en bouche, et s’accroît en marchant.


Qu’est-ce, je le demande, qu’un indiscret qui passe de bouche en bouche et s’accroît en marchant ? Ailleurs, Boileau dira :


Inventez des ressorts qui puissent m’attacher,


comme si l’on attachait avec des ressorts ; il appellera Alexandre