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de le lui lire ce soir, s’il n’y a rien contre moi… (Lisant tout bas.) Non… non… La maréchale de Mirepoix a engage ses diamans pour trente mille francs qu’elle doit. Belle nouvelle ! (Continuant à parcourir le registre.) — Une aventure de la comtesse d’Egmont avec le comédien Molé !… (Lisant.) Madame de Guemenée s’est déguisée hier en revendeuse à la toilette, pour se rendre chez Clairval de la Comédie Italienne. Ces dames aiment beaucoup la comédie !… (Parcourant la fin du registre.) Du reste, toujours la même chose, rien de neuf, rien d’original… M. de Sartines ne pourrait-il pas inventer ? Il me semble que la police est payée assez cher pour avoir de l’imagination. (S’arrêtant.) Ah ! ah ! un vol considérable fait chez M. de Faverolles, chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel… (Il se lève, et marche en révant.) M. de Faverolles !  ! un ancien ami, qui ne m’importune pas de ses visites ; car je ne l’ai pas vu encore depuis que je suis au ministère. — Brave militaire, qui n’est pas riche, qui a une famille nombreuse ; bon gentilhomme, qu’on prendrait pour un officier de fortune ; car depuis quinze ans qu’il est lieutenant-colonel, il attend en vain un régiment… Eh ! mais celui de ce matin… oui, c’est à lui que cela revient… il l’obtiendra en dépit de ses concurrens. — Je sais bien que toutes les dames de la cour vont m’accabler de sollicitations, et qu’il faut du courage pour résister ici à l’influence féminine…, n’importe…, j’en aurai ! (Marchant rapidement dans l’appartement.) Empire du boudoir ! — Sceptre tombé en quenouille !  ! — Le roi de Prusse a raison, nous sommes sous le règne du cotillon et nous n’en sortons pas ! Madame de Châteauroux était Cotillon Ier, madame de Pompadour Cotillon II ; j’empêcherai bien si je peux l’avènement au trône du Cotillon III ou je me retirerai, je donnerai ma démission ; est-il donc si nécessaire d’être ministre ? ne peut-on vivre sans porte-feuille ? Moi je n’ai point d’ambition… ; mais jamais je ne partagerai la faveur du souverain ni le pouvoir suprême avec une femme…, on n’en a pas déjà trop à soi tout seul… (Se rasseyant.) Allons, allons, voilà qui est dit, je ferai nommer M. de Faverolles qui ne me demande rien. — J’irai au-devant du mérite…, voilà une bonne pensée…,