De l’Instruction
POUR LE PEUPLE.
Quand l’académie de Dijon posa pour sujet de discours cette question si favorable au génie de Rousseau : Le progrès des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs ? elle fit preuve de courage et de philosophie ; car c’était la première fois qu’une académie s’avisait de pareille alternative. Aujourd’hui on crierait à la barbarie, et le premier de nos écrivains serait lapidé à Paris comme à Mottiers-Travers. Seulement ce ne serait plus comme philosophe, ce serait comme obscurant. Les peuples éclairés font ce que faisait le cheval de Lénore : ils vont vite.
L’académie de Dijon manqua cependant son but, en ne prenant pas la question d’assez haut. Il fallait demander : À quoi sert l’instruction, et quels avantages la civilisation a-t-elle retirés de l’invention de l’écriture ?
Le génie de Rousseau eût été plus à son aise dans la discussion ainsi élargie ; et, si je ne me trompe, les motifs de sa solution se-