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SOIRÉES MUSICALES


Septième symphonie d’Anton Bruckner. — Introuvables en France, rares même chez les peuples de race germanique, les amis d’Anton Bruckner constituent, à travers le monde, une secte assez restreinte, forte néanmoins par sa constance et sa vitalité sereine. Les adeptes, loin de gémir sur leur petit nombre, s’en feraient gloire plutôt. Comme tant de cénacles, ils se comptent pour une élite, et cette agréable conviction satisfait leur amour-propre.

Approuvons-les de rendre à la Septième symphonie d’Anton Bruckner[1] un culte reconnaissant. Elle en est digne. Que l’ouvrage reste donc associé, dans leur souvenir, à la seule joie qui ait illuminé, sur le tard, une carrière vouée à des travaux immenses et décevants ! L’histoire citerait à peine ce musicien d’un village de Haute-Autriche, en qui le paysan et le régent de collège faisaient un si bizarre contraste avec le maître organiste, avec le persévérant bâtisseur de messes et de symphonies à grand orchestre, si la Septième symphonie ne l’eût imposé à la longue aux Viennois. Elle sut plaire. Et, dès lors, soixante années de disgrâces et d’humbles tâtonnements se trouvèrent effacées en une heure de triomphe.

Bruckner était loin de s’y attendre. Cette dangereuse épreuve de Vienne, il l’avait crainte au point d’en solliciter l’ajournement par écrit. Odieux aux réactionnaires comme affilié à la révolution wagnérienne, comme un véritable boute-feu,

  1. Partition de poche, dans Universal-Édition, Vienne et Leipzig (Fortin, Paris).