Page:Revue de Paris, année 28, tome 2, mars-avril 1921.djvu/163

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Quelques pages plus loin, nous relevons, sur le même sujet, ces curieuses indications :

« Le volume des nouvelles que je prépare (1866 décembre) portera le titre de Ricochets de conversation et sera composé comme il suit… » (Suivent les titres de dix nouvelles, sur six qui ont paru dans les Diaboliques, dont le nom est ajouté au crayon, au-dessus de Ricochets de conversation, rayé.) Et en marge : « Épigraphe du volume des Diaboliques : Ce charmant monde est fait de sorte que si vous en écrivez simplement les histoires, c’est le diable qui paraît les dicter… »

Enfin, presque à la fin du cahier : « Ne pas oublier de citer ces mots vrais de Goethe., dont le Siècle fait tant de cas, quand il s’agira de la défense, qui dort, mais qui sc réveillera, des Diaboliques : « Les poètes et les romanciers, si corrompus » qu’ils puissent être n’ont pas encore appris à être aussi pernicieux que les feuilles quotidiennes qu’on rencontre sur toutes » les tables… »

Puis, ailleurs, c’est ce joli Fixé d’impressions, noté à Valognes :

« Une femme à mettre — comme image — dans mes Diaboliques — rencontrée hier dans une voiture publique, allant de Valognes à Saint-Sauveur.

» Une figure un peu busquée, — la femme d’un Cacique, — elle eût été superbe avec des plumes sur la tête. Les cheveux d’un jaune étincelant d’or, qu’ils appellent rouge ici, et qui ne l’est pas, tant leur haine du rouge pour les cheveux est profonde. Le blond d’or en est même compromis… Retroussés durement sous son bonnet, aux brides dans le dos, et montrant ainsi leur racine d’une vigueur de jaune étonnante ; — les cils sont de la même couleur, ainsi que les sourcils très fins et comme s’ils étaient peints avec un pinceau trempé de gomme gutte. L’or ombre et estompe tellement cette fille qu’elle a comme des brumes d’or aux tempes et sur la nuque et que ses yeux — bleu vert, comme les ont les filles de race normande vraie, — ont leur prunelle bordée et rayée de fils d’or… Le teint est rose partout, d’un rose très doux et très égal, envahissant le visage jusqu’au cou qui est très blanc. Ce rose, on le retrouve aux mains d’un très beau galbe, et patriciennes… La bouche grande, de pur carmin — et d’un sourire qui n’est