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LA REVUE DE PARIS

tat en ajoutant : « Donc, la démocratie russe n’est plus seule dans la lutte pour la paix universelle. La démocratie française est prête à la soutenir dans cette bataille[1]. »

Le congrès du front auquel les délégués français et anglais ont assisté nous est raconté par un journal socialiste, la Gazette Ouvrière[2]. Nous y apprenons que le président du Congrès des délégués leur a confirmé les idées du Soviet, les a rassurés contre toute idée de paix séparée, mais a formellement déclaré que l’armée russe ne serait pas disposée à se battre pour des projets de conquête formés et élaborés par l’ancien régime[3].

V

Une fois les assurances prises pour la limitation des buts de guerre dans un sens démocratique, le Soviet accentua son action en vue de consolider et de renforcer l’armée. En même temps qu’il a publié son appel aux socialistes, il en a adressé un autre à l’armée, qui débute comme suit :


Camarades soldats au front !… Les partis socialistes se sont adressés à tous les peuples, les conviant à mettre fin à la guerre… La Russie attend la réponse à cet appel ; mais rappelez-vous, camarades soldats, que nos appels ne seront qu’un vain mot si les régiments de Guillaume démolissent l’armée révolutionnaire russe avant que les autres nations aient le temps de répondre à rappel de nos frères. Nos appels ne seront qu’un coup d’épée dans l’eau s’ils ne s’appuient pas sur toute la force de notre peuple en révolution ; si, sur les ruines de la liberté russe, se consolide le triomphe de Guillaume de Hohenzollern. La perte de la Russie libre sera un malheur irréparable, non seulement pour nous tous, mais pour les travailleurs du monde entier… Les ouvriers et les paysans russes aspirent à la paix de toutes leurs forces ; mais cette paix doit être une paix universelle de tous les peuples. Que va-t-il arriver si nous acceptons une paix séparée ?… Il arrivera qu’après avoir abattu nos alliés en Occident, l’impérialisme allemand se précipitera sur nous de tout le poids de ses armes.

  1. Voir Bulletin du Soviet, 6 mai 1917, no 59.
  2. Voir Bulletin du Soviet, du 6 mai 1917, No.
  3. Voir dans le Rétch du 1er juin, l’organe des cadets, les réserves faites sur l’attitude des délégués des partis socialistes de l’Entente. L’auteur de l’article : les Alliés et les Zimmervaldistes, souligne ironiquement le fait que le Soviet, après avoir semblé accepter une ligne de conduite commune, a lancé une nouvelle convocation à une conférence internationale qui a provoqué des réserves formelles de la part de MM. Albert Thomas, Henderson et Vandervelde.