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LE FEU

briser la proie du premier coup. Le crâne est large entre les deux oreilles pour contenir le plus grand courage et la plus grande adresse. Les joues sont sèches et musculeuses, les lèvres si courtes qu’elles recouvrent à peine les dents…

Avec une facilité sûre, il ouvrit la gueule du chien, qui n’essaya pas de résister. La denture apparut, éblouissante, et le palais marqué de larges ondulations noires, et la langue mince et rose.

— Regardez ces dents ! Regardez comme les canines sont longues et un peu crochues à la pointe, pour mieux tenir prise ! Nulle autre espèce de chien n’a la gueule construite pour mordre d’une façon aussi parfaite.

Ses mains s’attardaient à cet examen, et il semblait que son admiration pour ce superbe exemplaire n’eussent pas de limites. Il avait posé un genou dans le trèfle et recevait au visage l’haleine de l’animal qui se laissait palper avec une docilité insolite, comme s’il eût compris l’éloge du bon connaisseur et en eût joui.

— Les oreilles sont petites et attachées très haut, droites quand l’animal est excité, mais tombantes et comme adhérentes au crâne quand il est au repos. Elle n’empêchent pas d’ôter et de remettre le collier sans défaire la boucle. Voyez !

Il ôta et remit le collier, qui cerclait exactement le cou.

— Un cou de cygne, long et flexible, qui lui permet de happer le gibier à toute vitesse sans perdre l’équilibre. Ah ! une fois, j’ai vu Gog saisir en l’air un lièvre qui avait bondi par-dessus un fossé… Mais observez maintenant les parties les plus importantes : la largeur et la profondeur de la poitrine, pour la longue haleine ; l’obliquité des épaules proportionnée à la longueur des jambes ; la formidable masse musculaire des cuisses ; les jarrets courts, l’épine dorsale creuse entre deux faisceaux de muscles solides… Regardez ! Les vertèbres d’Hélion sont visibles en relief, celles de Donovan sont cachées dans un sillon. Les pattes ressemblent à celles des chats, avec les ongles rentrés, pas trop cependant : des pattes élastiques, sûres. Et quelle élégance dans les côtes, disposées à la façon d’une belle carène, et dans cette ligne qui s’efface vers l’abdomen complètement effacé ! Tout concourt à une seule fin. La queue, forte au point d’attache et fine à l’extrémité