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Paris. Âme haute et pure, vieux poète étranger à toute autre chose que le culte de la poésie, comme un président de la République est généralement un vétéran éprouvé des luttes républicaines, de l’idéal laïque et démocratique, le zèle parnassien de Mendès valut à Dierx presque la même année que Loubet, en 1898, d’être élu, après la mort de Mallarmé, président de la République poétique, soit prince des poètes. On convint qu’il était « apprécié de l’élite ». Son cas ressemble à celui d’Élémir Bourges, figure, lui aussi, de l’honneur littéraire, et moins lu que vénéré. Les anthologies poétiques sont faites pour ces natures secondes qui ont eu une ou deux fois d’heureuses inspirations : les Filaos de Dierx ne sont pas indignes de la Bernica de Leconte de Lisle, et son Lazare ressuscité suit d’un pas respectueux son maître le Nazaréen.

Anatole France figurerait presque au même titre que Mendès et que Ricard dans les origines du Parnasse, puisque, comme lecteur de Lemerre, il fut chargé du Troisième Parnasse contemporain, en fit exclure en leur donnant des notes sévères Mallarmé et Verlaine, y publia des vers, parmi lesquels les Noces corinthiennes, y parut, et comme artiste et comme helléniste, le disciple de Leconte de Lisle, avec une ligne plus simple et plus humaine. Les Poèmes dorés (1873) restent un des meilleurs recueils du Parnasse. Plus tard France se brouilla avec Leconte de Lisle au point que le vieux poète le provoqua en duel. France avait abandonné les vers, la trentaine passée de peu. Par paresse, semble-t-il, et ce fut dommage. Il était doué. On admire avec raison le poème des Cerfs. Madame de Caillavet, si elle eût aimé les vers, lui eût fait écrire aussi bien d’autres Cerfs que le Lys rouge (ce poème et ce roman sont faits d’ailleurs sur le même thème).

Leconte de Lisle mettait très haut le vicomte de Guerne qui l’imitait consciencieusement et infructueusement dans des volumes d’histoires en vers : l’Orient antique et l’Orient grec, linceuls pour dieux morts, lieux communs des petits Parnassiens, qui n’y ont enseveli qu’eux-mêmes.