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cantharide, écœurent. Quand fut joué Cyrano, il tenait un feuilleton dramatique célèbre, et il acclama le poète nouveau avec autant de feu juvénile que s’il fût sorti de la bataille d’Hernani. C’était bien ! Mais le lendemain, il commençait un Scarron, aggravé bientôt d’un Glatigny, cinq actes en vers d’intention cyranesque. Il ne pouvait toucher du marbre, voire du stuc, sans les reproduire en plâtre. C’était sa vocation. Pour qui pèse les poètes selon leur apport individuel et original, il ne reste rien de Mendès. Mais si on les considère dans ces familles que sont les écoles, on ne peut écrire du Parnasse, penser le Parnasse sans lui.

les disciples

Si l’on excepte Gautier, qui appartient à la génération antérieure, et Mendès dont la nature poétique, toute d’influence subie, exclut toute influence exercée, chacun des grands Parnassiens, Tétrarques ou Épigones, est entouré plus ou moins de brillants seconds qui donnent au Parnasse son volume d’école et sa caisse de résonance. Autour de chaque prince paraissent de grands officiers.

Il y a un rayonnement et une école considérables de Leconte de Lisle. Elle commencerait à Victor Hugo lui-même : les Poèmes antiques ne paraissent pas avoir été sans influence sinon sur l’inspiration, du moins sur le dessein de la Légende des Siècles, non plus que les Émaux et Camées sur les Chansons des Rues et des Bois. On doit nommer tout d’abord Louis Ménard (1822-1901), ami, contemporain, coreligionnaire politique et compatriote alexandrin de Leconte de Lisle. Comme Leconte, Ménard ne pense pas que l’humanité ait rien acquis d’utile depuis les Grecs. Le retour à l’Hellade est son alpha et son oméga. Plus subtil, plus érudit, il est bien moins poète, et c’est son hellénisme plus que son métier qui nous autorise à voir dans l’auteur des Rêveries d’un Païen mystique un Parnassien : louons en lui le poète gnomique, appelons-le le Théognis du groupe, ce sera suffisant.

Si Ménard est le compatriote alexandrin de Leconte de Lisle, nous trouvons en Léon Dierx, moins métaphoriquement, son compatriote de la Réunion et son fidèle compagnon de