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romances, les bons sentiments ; cependant, quand il tombe dans la niaiserie, il y est conduit par l’optique du théâtre beaucoup plus que par le génie de la romance. Car ce génie de la romance il sait le tempérer, le renouveler par une sorte d’humour intelligente, d’ironie tendre, très habituelle au public parisien, lequel l’a retrouvée à la fois chez Coppée, son poète, Parisien comme lui, et chez Alphonse Daudet, son romancier, un Provençal. Émotifs et fins, voulant à la fois et refusant d’être dupes, est-ce que le peuple de Paris et le peuple de Provence ne se ressemblent pas un peu ? Bien que Mistral soit beaucoup plus grand, le seul poète de son temps qui le rappelle comme homme, c’est Coppée. On ne s’étonnera donc pas que Coppée et Daudet, exactement contemporains, aient été le poète et le romancier fêtés d’un même public. Ils sont liés aux mœurs et à l’âme des trente premières années de la République.

Coppée a broyé dans le mortier d’argent, armorié et sonore, du métier parnassien, le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert avec le réséda séché de Mimi Pinson. Et il n’a guère survécu à ce XIXe siècle. D’abord le Parnasse devenait une butte à funiculaire. Et puis ne voilà-t-il pas que Coppée, grisé par un succès extraordinaire, et tard venu, de journaliste, s’était avisé de descendre dans la rue ! Tous les jeudis il donnait au Journal un article qui faisait monter fortement le tirage. Du Coppée sans rimes, donc rendu plus facilement bourgeois. Jules Renard en a publié alors dans la Revue Blanche un florilège sous ce titre : François Coppée essentiel : « Parisiens, mes frères… Je n’ai rien d’un globe-trotter… — Je prends, comme disent les bonnes gens, l’omnibus de mes jambes… — Ce livre (Cavaliers de Napoléon, par Frédéric Masson) a fait se hérisser d’enthousiasme le bonnet à poil que j’ai dans le cœur. » Coppée, qui avait été si fin, finit dans les pires vulgarités poétiques, prosaïques et politiques.

Le procès qui pour la critique s’institue devant Heredia, c’est le procès du poème à forme fixe. Ce poème au XVe siècle avait absorbé à peu près toute la poésie, puis au XVIe s’était contenu dans le sonnet ; le sonnet, malgré l’encouragement