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ont engagé et marqué l’avenir, notre présent. Puis le symbolisme est venu, qui a tordu le cou à l’éloquence poétique. Qu’il y ait là une diminution, ceci ne nous permet pas d’en douter, que la fin de la poésie de combat a entraîné à bref délai la fin du grand combat pour la poésie.

la poésie épique

À un souffle également nécessaire et fort, correspond, dans les Quatre Vents, le Livre épique, pour lequel Victor Hugo a détaché l’un des plus longs et des plus extraordinaires morceaux de la Légende des Siècles de l’exil : la Révolution. Durant le romantisme, la veine épique de la littérature française avait été abondante, et de bien meilleure venue qu’à toute autre époque. La gloire de Lamartine est d’un poète épique autant que d’un lyrique. Le romantisme a créé avec Alfred de Vigny la petite épopée, c’est-à-dire, en vers épiques, soutenus de lyrisme, le récit ou le tableau d’un événement à signification morale ou à portée symbolique. Leconte de Lisle, s’inspirant de Chénier autant que de Vigny, et intéressé par l’idée de mettre en vers ce que le Guérin et le Quinet de 1838, et le Flaubert alors secret de 1848, avaient mis en prose, les mythes grecs et orientaux, publiait dès 1852 les Poèmes antiques, que suivaient en 1862 les Poésies barbares. Théodore de Banville, tout de facilité et de qui n’importe quel flot portait l’inspiration heureuse et légère, donne en 1866, avec les Exilés, ses Poèmes antiques à lui, qu’il est d’usage de comparer à l’œuvre d’un peintre décorateur de la Renaissance, les poèmes de Leconte de Lisle étant plutôt apparentés à la sculpture. Coppée et Mendès ont multiplié les récits épiques, les petites Légendes des Siècles, et le public parut avoir décerné, en son temps, à Coppée le premier prix de narration en vers. Sully Prudhomme alla plus loin : après les petites épopées des Écuries d’Augias et du Zénith, il s’employa, comme Lamartine et Laprade, à un grand poème épico-allégorique de la destinée humaine, le Bonheur.

Un inventaire de la poésie épique dans les trente dernières années du XIXe siècle amènerait à la lumière, comme les son-