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Autre éventualité : si les complices de Gandhi parvenaient à provoquer la révolte dans l’armée indienne, des bandes de soldats entraînés se trouveraient ainsi libres de s’attacher aux princes qui pourraient les payer ; et ces princes en auraient alors vite fini avec le clan des politiciens Indiens.

La paix de l’Inde dépend entièrement de l’existence de forces militaires bien organisées, capables de rendre la frontière inviolable ; et d’une marine à même de surveiller la longue ligne des côtes. Ces conditions, tant pour le présent que pour nombre d’années à venir, ne peuvent être remplies que par l’autorité britannique. Aucun Parlement indien, constitué à la suite de simulacres d’élections, ne peut prendre sa place.

Les classes guerrières de l’Inde ne veulent pas être gouvernées par l’intelligentsia des villes. En s’efforçant de supprimer l’autorité britannique, les agitateurs politiques indiens ne tendent qu’à faire cruellement souffrir les masses. Et s’ils parvenaient à renverser notre gouvernement, ils ne pourraient rien mettre à sa place. C’est pour cette raison que tous ceux qui aiment l’Inde — et je suis de ceux-là — et conservent un souvenir affectueux de ses peuples simples et affables, suivent les événements actuels dans une attente angoissée.

Je me suis efforcé de rendre claire, pour nos très braves et très chers alliés, cette situation, et les causes qui l’ont amenée : mais je ne puis, dans l’état de confusion actuel de notre politique, tenter de prévoir l’avenir. Il est seulement certain que la loi et l’ordre doivent être restaurés et maintenus dans toute l’Inde. Autrement la position d’une poignée d’Anglais, sans autorité sur les millions d’individus parmi lesquels ils vivent, serait impossible. Nous n’en sommes pas encore là ; il y a encore des parties de l’Inde où les vieilles relations de confiance mutuelle ont survécu à la tempête ; mais rien, sauf la coopération des races Occidentale et Orientale, ne peut apporter la prospérité et garantir le progrès des peuples de l’Inde.

Maintes grandes leçons pourraient être tirées des désastreux résultats que provoqua la mauvaise politique des