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HISTOIRE
D’UNE
DEMOISELLE DE MODES[1]

XXVII


Ce matin-là, Louise reçut deux lettres. L’une venait d’un notaire qui la priait de passer à son étude pour affaire la concernant. L’autre était de Silveira. Silveira suppliait, menaçait, envoyait deux pages de points d’exclamations qui avaient l’air de bondir du papier.

Son plafond devait partir le surlendemain pour le Salon et Louise ne lui avait pas donné la dernière pose. Chaque jour, elle remettait, et maintenant, si elle ne venait pas, elle le réduisait à la honte et au désespoir.

C’est que, chaque jour, regardant le ciel et la terre, et les rangées d’arbres qui commençaient à verdir, elle se disait : « Est-ce aujourd’hui que j’aurai le courage de franchir la barre d’appui de ma fenêtre et de m’abîmer sur le trottoir, inerte, délivrée enfin ? » — Mais elle ne le faisait pas, d’abord par une horreur naturelle, un instinct plus fort que sa souffrance ;

  1. Published May first, nineteen hundred and eight. Privilege of copyright in the United States reserved under the Act approved March third, nineteen hundred and five, by calman-lévy.
    Voir la Revue du 15 mars et 1er et 15 avril