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REVUE

DE

MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE

SUR LA MÉTHODE DE LA GRAMMAIRE COMPARÉE

L’objet de la science qu’on est convenu d’appeler grammaire comparée est de faire l’histoire de développements linguistiques au moyen de rapprochements entre des langues diverses. Ce que doit déterminer le comparaliste dans chacun des cas qu’il étudie, c’est ce qui parmi les faits examinés suppose l’existence d’un seul et même idiome ancien, ce qui par suite résulte de la différenciation progressive d’une langue anciennement parlée d’une manière sensiblement une. Il doit faire un départ entre les rapprochements qu’il observe, et ne tenir compte que de ceux de ces rapprochements qui obligent à admettre un état de choses identique à un moment donné du passé dans le groupe des langues comparées.

Le problème de méthode consiste donc,’ étant donnés des faits linguistiques semblables, à rechercher comment on peut reconnaître quels sont ceux de ces faits qui imposent, pour s’expliquer, l’hypothèse d’un point de départ identique.

On aperçoit immédiatement les deux types de questions qui se posent à tout historien : d’une part établir l’existence d’un certain fait ou d’un certain état de choses à un moment donné du passé, d’autre part poser le rapport qui existe entre faits de dates différentes. En l’espèce, les deux types de questions ne se laissent pas séparer, et l’on ne peut résoudre l’une sans résoudre l’autre.

Ce que l’on se propose ici, c’est de décrire le principe du procédé de raisonnement des comparatistes et d’examiner quelle en est la valeur probante.