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arabe. Celle-ci lui laisse une entière tranquillité, ne la force à aucune initiative et ne dérange pas les habitudes de routine chère à toute administration. C’est pourquoi il est à craindre qu’une distinction « quantitative » ne soit établie entre Arabes et Juifs. Ces derniers étant la minorité, l’administration aura peut-être tendance à conclure qu’ils présentent moins d’intérêt que la population arabe.

Le Dr Weizmann nous déclarait, dans un récent entretien, qu’il espérait beaucoup en la Société des nations. Elle a l’impartialité voulue et dispose du recul nécessaire pour voir la situation dans son ampleur et n’être pas influencée par de passagères difficultés. Elle se persuadera qu’il est nécessaire d’établir une distinction essentielle, « qualitative » entre les deux populations de Palestine.

Il n’est pas dans l’intention des sionistes de prendre la place des Arabes. La tâche des Juifs sera de rendre la Palestine capable de nourrir un plus grand nombre d’habitants. Nous reconnaissons le droit de la population arabe à demeurer en Judée. Mais nous croyons pouvoir affirmer que la minorité juive est, pour le moins, aussi intéressante que la majorité arabe.

La question juive est d’ordre international. De la situation faite à la minorité Israélite de Palestine dépend le plus ou moins grand afflux des Juifs persécutés de l’Europe orientale. Et c’est par la création d’une résidence nationale que pourra être résolu le problème juif dans le monde entier. Avec l’exode des éléments inassimilables, disparaîtra le principal argument de l’antisémitisme. Ainsi la réalisation du sionisme aura d’heureux résultats pour les antisémites ; et pour les Israélites assimilés qui pourront enfin accomplir leur idéal et disparaître en paix, mêlés aux autres peuples.

D’autre part, la minorité juive possède seule assez de foi en la Terre Sainte et assez de génie réalisateur pour faire refleurir ce pays que l’indolence des derniers occupants a transformé en désert. La jeune ville de Tel-Aviv et les nombreuses colonies juives sont les prémices de l’œuvre féconde.