noncer le nom véritable. Parfois, l’idée pénible, pour mieux se dissimuler, met le masque de son contraire : « C’est du propre ! » s’écrie la ménagère, lorsque son chat, ou son enfant, a fait « du sale » dans un coin de la cuisine.
Le déguisement peut prendre encore la forme bien connue de la justification ; les dictons « qui s’excuse s’accuse », « les raisins sont trop verts », « quand on veut tuer son chien, on dit qu’il est enragé », etc., montrent que cette façon d’agir de l’esprit a depuis longtemps été observée par la conscience populaire. — Mais Freud est le premier à avoir songé à en sonder les causes psychologiques, à avoir recherché ce que tout cela signifiait, à avoir montré l’extension considérable de ce mécanisme de déguisement, et son rôle dans une foule de phénomènes sociaux et pathologiques.
4. Le rêve : Le rêve représente la réalisation déguisée d’un souhait refoulé. — Comme on s’est moqué de cette hypothèse, lorsque Freud, en 1900, l’a lancée ! On considérait alors le rêve comme le résultat désordonné de l’association des idées dansant, livrées à elles-mêmes, une incompréhensible farandole… Et voilà qu’on nous raconte que le rêve a un sens, un sens profond, qu’il exprime même parfois ce qu’il y a de plus personnel en nous ! Quelle idée saugrenue ! On trouve un écho de cette stupéfaction dans un ouvrage du Dr Dide, paru à Paris en 1918 : « Je ne m’attarderai pas, dit-il, à discuter le sophisme de Freud, qui voit dans le rêve la réalisation déguisée d’un désir réprimé. Cette conception unilatérale naît, d’une vue dogmatique, et il Tant remonter à la scolastique moyenâgeuse… » etc. Et le Dr Heckel. déjà cité, n’est pas plus tendre : la théorie de Freud, dit -il. n’est qu’« un exemple de cette myopie ordinaire aux spécialistes d’éducation germanique, dont la culture médicale est aussi faible que le goût de l’obscurité et de la rumination spéculative est développé. »
Mais ici encore la théorie de Freud s’harmonise avec la conception la plus ancienne que l’on ait eue du rêve : l’humanité, des ses débuts, en cherchant à interpréter les songes, n’a-t-elle pas implicitement reconnu que ceux-
