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n’avez donc plus rien à faire ici et il ne vous reste qu’à prendre congé du marquis de Chapolorys et de ses filles que nous reverrons bientôt à la cour.

Le prince attéré ne répondit pas. Il regardait avec une douloureuse surprise le visage impassible de sa mère et cherchait à pénétrer le mystère qu’il pressentait à travers ses paroles. Ses réflexions furent interrompues par l’entrée du marquis et de ses filles que la reine avait fait mander… Et le prince Henry, levant les yeux, aperçut Isabelle rouge, confuse et d’autant plus jolie.

— Ah ! ma mère, s’écria-t-il, en se précipitant au devant de la jeune fllle, vous me disiez que je ne reverrais plus mon ami !

— Je disais vrai, mon fils, le chevalier Robert n’existe plus ; mais en revanche la charmante Isabelle nous accompagnera à la cour où nous lui avons réservé une place. On ne saurait trop honorer une piété filiale comme celle dont elle a donné l’exemple, et j’ai idée que cette mesure de justice sera approuvée de tous ses amis.

La reine n’en dit pas davantage, mais il faut croire que son sourire parlait pour elle, car le prince se jeta à son cou, tout comme s’il n’avait pas été fils de Roi.

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Peu de temps après la cour célébrait les plus belles noces du monde, l’amour étant de la fête. Je veux parler des noces du prince Henry et de la douce Isabelle dont tous, pauvres et riches, vantaient la beauté, la bonté et le charme.

Arthémise et Oriane, fières et humiliées à la fois, portaient la queue du manteau de la nouvelle mariée. Elles avaient un air si hautain et si maussade qu’aucun seigneur n’eut envie de les épouser, et qu’elles durent se résigner à coiffer sainte Catherine.

Le prince Henry et la princesse Isabelle vécurent longtemps pour le bonheur de leurs sujets et, ainsi qu’il était d’usage en ce temps-là, ils furent très heureux et eurent beaucoup d’enfants.

A. D. Roazoun.

(À suivre)