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de soupçonner toute la méchanceté de son frère et n’avait pas pris ses menaces au sérieux…

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La nuit était noire quand l’aîné des fils du roi arriva au palais où depuis longtemps déjà son jeune frère était rentré las d’inutiles recherches. Il tenait à la main trois fleurs de Pimpenois et les présenta triomphant au roi qui, tout en lui faisant ses compliments, lui demanda s’il n’avait pas rencontré sa sœur dont l’absence prolongée commençait à le préoccuper, les jeunes filles n’ayant pas coutume d’affronter volontiers la nuit dans les bois. Le jeune prince répondit audacieusement qu’il n’avait vu personne.

Le père inquiet envoya des serviteurs à la recherche de sa fille, supposant qu’elle s’était égarée ; mais ils eurent beau parcourir la forêt en tous sens jusqu’à l’aube, et la parcourir encore les jours et les nuits qui suivirent, ils ne purent retrouver sa trace.

Cependant le frère aîné demandait instamment qu’on le proclamât héritier de la couronne. Il avait rempli les conditions requises en apportant les trois brins de Pimpenois et réclamait l’accomplissement de la promesse du roi.

— « Il faut d’abord que nous ayons retrouvé votre sœur, répondit celui-ci, il se peut qu’elle ait eu la même chance que vous, mon fils, et nous ne pouvons rien décider avant d’être fixé sur son sort. »

Et les recherches continuaient, toujours infructueuses, et le temps passait…

Bien souvent le roi et la reine se rendaient avec les deux enfants qui leur restaient dans cette forêt d’où jamais leur fille n’était revenue. L’aîné n’osait se dérober à ces promenades qui le faisaient trembler de la tête au pieds.

Un jour qu’ils se promenaient tous ensemble, le père et la mère s’engagèrent inconsciemment dans le chemin conduisant à la source où avaient fleuri les Pimpenois, et cette fois le coupable, forcé de suivre la même route, se sentit pâlir d’horreur.

Tout à coup le jeune frère qui courait de tous côtés avec l’insouciance de son âge arriva tout ému près de ses parents. Il tenait à la main un sifflet comme les pâtres savent en tailler dans l’écorce nouvelle.

— « Oh ! père, dit-il, voyez donc l’étrange sifflet que j’ai trouvé là-bas, sur la mousse ; on dirait qu’il parle » ; et le portant à ses