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LE TAUROBOLE ET LE CULTE DE BELLONE

fugitifs avaient offert à la déesse leur longue chevelure (ϰόμη) et que le nom de la cité était venu de là[1]. Cette ville sainte — aussi bien que son homonyme du Pont — prétendait même posséder la vieille statue de bois de l’Artémis taurique et le glaive d’Iphigénie[2]. Mâ, lorsqu’elle fut adorée à Rome s’y confondit avec Bellone, mais le tauropolium, pratiqué dans le culte naturalisé latin, perpétua le souvenir du nom que les Grecs donnaient à la déesse de Comane.

Toutefois, nous ne soutenons point que le taurobole ait été propagé en Occident uniquement par les sectateurs de Bellone. Mâ n’était point seule en Asie Mineure à être appelée la Tauropole. L’Artemis Pérasia de Castabala, au sud du Taurus, prétendait au même titre, et son sanctuaire passait également pour avoir été fondé par Oreste, venu d’au delà du Pont-Euxin[3]. Anahîta ou Anaïtis, la déesse perse des eaux fécondantes, fut identifiée régulièrement à Artémis et en particulier à l’Artémis tauropole, sans doute parce que le taureau lui était spécialement consacré[4]. Ce fut le cas à la fois en Lydie, où elle était très populaire, en Cappadoce et même en Arménie, dans l’Acisilène. Son nom même d’Anaïtis fut transformé en Tanaïtis ou Tanaïs afin de le mettre en relation avec la ville et le fleuve ainsi appelés[5].

L’Anahîta iranienne était certainement une divinité fort différente de la Mâ cappadocienne, mais son introduction

  1. Strab., XII, 2, 3, p. 535 C. Cf. Höfer dans Roscher Lexik., s v. Orestes, col. 999.
  2. Dion Cass., XXXVI, 11 éd. Boissevain. — Cf. aussi Procope Bell. Pers., I, 17, p. 83 Dindorf
  3. Strab., XII, 2, 7, p. 537 C : Τινὲς τὴν αὐτὴν θρυλοῦσιν ἱστορίαν περὶ τοῦ Ὀρέστου καὶ τῆς Ταυροπόλου.
  4. Plut. Vita Lucull., 24 : Βόες ἱεραὶ νέμονται Περσίας Ἀρτέμιδος… Χρῶνται δὲ ταῖς βοῠσι πρὸς θυσίαν μόνον.
  5. Cf. Pauly-Wissowa s. v. Anaïtis, t. I, p. 2031.