Page:Revue bleue, tome XLVIII, 1891.djvu/939

Cette page n’a pas encore été corrigée

BULLETIN.

la fleur. J"ai fait l’anthologie des méditations de M. de Goncourt. Leur force et leur variété n"ont point man- qué de vous surprendre ni de vous émouvoir. Art, po- litique, vie humaine, elles volent à tout sujet, et elles en rapportent de triomphantes vérités. Le miel plato- nicien n’a point d’arôme comparable. S’il avait pu prévoir M. de Goncourt, Aulu-Gelle n’eût rien écrit. Ch.kles Maurbas. BULLETIH Nouvelles de l’étranger. Le sentimentalisme na ional des Allemands, joint à leur goût croissant des fêtes et manifestations solennelles, a fini par amener dans tout l’Empire, et notamment à Berlin, une véritable manie de jubilés. Pas un jour ne se passe plus sans qu’on célèbre par des banquets et des discours le dixième anniversaire du mariage d’un acteur, ou le quin- zième anniversaire de la première leçon d’un professeur, ou le trentième anniversaire de la sortie de collège d’un conseiller municipal. Cette semaine Mozart aurait du suffire : c’était le centenaire de sa mort, et malgré que l’idée soit bizarre de célébrer la mort d’un grand homme par des réjouissances publiques, il n’y a pas eu à Berlin si petit professeur de violon qui, en souvenir de cet événement d’il y a cent ans, n’ait convoqué les badauds à entendre ses plus brillants élèves. A l’Opéra de Berlin, on a monté un cycle Mozart, c’est-à-dire que l’on joue tour à tour la série com- plète (les opéras du maître. Le cycle a été précédé d’une pompeuse cérémonie, avec lecture d’une comparaison en vers de Mozart et de Raphaël, couronnement d’un buste, etc. Le seul trait fâcheux est que l’on ait fait chanter le sublime Ave Veriun de Mozart en y adaptant des vers nou- veaux sur Mozart lui-même : c’est un emploi de la musique religieuse qui rachète un peu l’énorme quantité de mor- ceaux de Don Juan naguère travestis en Ave Verum par le P. Lambillote et tant d’autres pères jésuites; mais il eût été plus convenable de laisser à la musique du maître le sens qu’il lui avait donné. Et pendant que les Berlinois fêtaient la mort de Mozart, ils célébraient aussi le vingt-cinquième anniversaire des débuts au théâtre de M. Thomas, et le quatre-vingt-dixième anniversaire de la naissance du philosophe Charles-Louis Michelet. M. Thomas est un acteur de cinquième ordre, qui a su amasser de l’argent avec ses pitreries et a fondé depuis deux ans un petit théâtre où il est à la fois directeur et premier sujet. C’est un des trois cents comédiens que les Berlinois honorent d’une tendresse particulière. Son jubilé a été une véritable fi’ie municipale. Quant à Charles-Louis Michelet, c’est un vieux professeur de philosophie de ILniversité de Berlin, le fidèle disciple et continuateur de Hegel. Son ouvrage principal, Vf.pi- phanie de. l’élfrnelle personnalité de l’esprit (l8/i6-1852), est aujourd’hui un peu oublié, comme aussi les ardentes luttes que M. Michelet eut à soutenir contre Schelling et son école. Il s’est trouve cependant un nombre considérable de gens pour célébrer sa quatre-vingt-dixième année, et plusieurs Universités allemandes ont profilé de cette occasion pour le nommer membre d’honneur. On a vendu à Londres, la semaine dernière, des lettres curieuses de Dickens. Dans l’une, datée de I8Z18, il disait : (’ Je liens Lamartine pour un des meilleurs hommes qu’il y ait, et j’espère vivement que la grande nation française réussira à fonder une noble république. Notre cour fera bien de ne pas trop vexer le gouvernement français par son respect pour l’e.x-noblesse et l’es-royauté. Ce n’est pas le moment pour de telles manifestations. » Dans une lettre datée du 11 juin 1861, Dickens plaisante le fougueux antisémitisme de son ami Carlyle : « L’aversion de Carlyle pour les Juifs, dit-il, a encore grandi : il enrage de voir s’élever le palais que les Rothschild font construire à côté du palais du duc de Wellington. Il nous a, l’autre jour, représenté le roi Jean comme le plus éclairé des souverains, à cause des dents qu’il a fait arracher aux Juifs, pour les forcer adonner leur argent; et il se réconfortait à l’idée des Rothschild conduits en hurlant vers la reine Victoria, pour se voir enlever quelques dents. » L’I'niversité de Chicago vient d’acheter d’un seul coup à Berlin, pour sa bibliothèque, une collection de ’280 000 vo- lumes et de 120 000 brochures. L’un des dramaturges les plus renommés de la Hongrie, Grégoire Cbiky, vient de mourir à Pesth, à l’âge de quarante- neuf ans. Il avait été d’abord prêtre catholique, et même professeur de théologie au séminaire de Temesvar. In vau- deville, l’Oracle, lui valut, en 1875, à la fois une médaille de l’Académie de Pesth et une vive réprimande de la part de ses supérieurs ecclésiastiques. Il se convertit alors au pro- testantisme, échangea l’enseignement de la théologie au séminaire de Temesvar contre celui de la technique théâ- trale au Conservatoire de Pesth, et écrivit une innombrable série de drames, de comédies et d’opérettes sur des sujets nationaux. L’Angleterre et les États-Lnis s’apprêtent à célébrer, l’année prochaine, le centenaire de la naissance du poète Percy Shelley. né en 1792. La chaire d’histoire de l’art de l’Université de Leipzig, va- cante depuis la mort d’Antoine Springer, sera désormais occupée par M. Hubert Janistschek, jusqu’ici professeur d’hi>toire de l’art à Strasbourg et auteur d’une très remar- quable Histoire de la peinture allemande. L’Université de Leipzig est, comme on sait, le séminaire des historiens et des critiques d’art allemands. Le Berliner Theater de Berlin vient de représenter avec succès l’Héritage des pères, un drame nouveau de M. Ri- chard Voss, l’auteur de la célèbre Éva. C’est l’histoire d’un jeune paysan qui, né de parents riches, compromet l’hon- neur et dépense la fortune de sa famille. le directeur gérant : HBriRT Ferrari. farii. — Maj e« Motl«tot. L..Iaip. rianiM, ’7, ta» Saiot-Baoutu